l’essentiel
Alors qu’un nouveau recours contre la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse a été rejeté ce mardi, Mathieu Chabanel, PDG de SNCF Réseau, fait le point sur l’avancement du projet et sur la modernisation plus large du réseau en Occitanie.
Comment se déroulent aujourd’hui les travaux pour la LGV ?
S’agissant des accès ferroviaires du sud de Bordeaux et du nord de Toulouse, les travaux battent leur plein, avec des étapes qui interviendront progressivement entre maintenant et 2031. Pour l’instant, rien n’entrave l’avancement du chantier. Sur la partie ligne nouvelle, là aussi, le projet progresse. Nous ne sommes pas encore en phase de travaux mais plutôt en phase de reconnaissance. Les premières études archéologiques et techniques vont démarrer prochainement. Nous allons également lancer les marchés en vue d’une mise en service toujours prévue pour 2033. Parallèlement, les acquisitions foncières se poursuivent.
Les travaux des aménagements ferroviaires au nord de Toulouse.
DDM – Marc Salvet
La justice administrative a rejeté mardi, en référé, un recours des opposants au chantier. Trois autres restent à l’étude. Comment SNCF Réseau aborde-t-elle les travaux dans ce contexte ?
Jusqu’à maintenant, nous avons gagné toutes les procédures contentieuses. Nous sommes confiants pour la suite, compte tenu de l’intérêt majeur de ce projet. Il faut rappeler que le ferroviaire connaît depuis quelques années une croissance forte de la demande, avec des trains de plus en plus remplis. Notre responsabilité est de répondre à cette croissance afin que les Français, et notamment les Occitans, qui choisissent le train puissent bénéficier de l’offre et des services attendus.
Malgré ces référés encore en cours, la SNCF a déjà entamé certains travaux…
Le calendrier a été fixé avec une mise en service des aménagements ferroviaires au nord de Toulouse (AFNT) d’ici fin 2031. Cela nous conduit à avancer sans attendre la fin de l’ensemble des procédures. Quand les projets sont solides et bien menés, il n’y a pas de raison que les recours aboutissent.
Les opposants mettent en avant des arguments écologiques. Quelle est votre réponse ?
Nous passons énormément de temps et d’énergie, à juste titre, à la SNCF Réseau pour respecter l’environnement, afin de mener des projets aussi exemplaires que possible. Nous travaillons notamment à réduire les émissions de carbone, en premier lieu lors des travaux et de la pose des rails. Il y a toute une démarche écologique qui irrigue l’ensemble de notre action. Nous plaçons cette exigence très haut dans nos priorités et nous la traitons avec la plus grande attention, que ce soit pour l’entretien courant du réseau ou pour les projets nouveaux.
Qu’en est-il du financement du projet ?
Sur les Aménagements Ferroviaires au Nord de Toulouse (AFNT) et au Sud de Bordeaux (AFSB), nous sommes tout à fait dans les clous. Pour la ligne nouvelle, il y a actuellement un dialogue entre l’État et les collectivités locales. Mais à ce stade, nous disposons des financements nécessaires pour poursuivre le chantier. Nous ne sommes donc pas dans une situation où des décisions financières pourraient retarder le projet.
Comment entretenez-vous les réseaux vieillissants ?
En juillet dernier, nous avons obtenu des décisions très positives pour le réseau. À partir de 2028, un budget supplémentaire de 1,5 milliard d’euros par an sera consacré au renouvellement et à la modernisation. Là où aujourd’hui 3 milliards sont investis chaque année, nous disposerons de 4,5 milliards à l’horizon 2028.
Concrètement, quel impact cela aura-t-il pour l’Occitanie ?
Cette année, dans la région, ce sont 500 millions d’euros qui sont investis, dont 250 millions dédiés à la modernisation et au renouvellement du réseau, intégralement financés par SNCF Réseau. C’est un réseau qui a réellement besoin de ces investissements : sans eux, sa performance ne suivrait pas. Les moyens complémentaires alloués dans les prochaines années vont nous permettre d’anticiper et de mieux programmer ces efforts indispensables.
Comment le réseau s’adapte-t-il face au changement climatique ?
Nous sommes très attentifs à l’impact des intempéries et du changement climatique sur la performance des trains. Depuis 2020, les phénomènes extrêmes se multiplient : incendies, pluies intenses, fortes chaleurs. Certains équipements anciens, comme des caténaires conçues dans les années 1950, résistent mal à de telles températures. Les crédits supplémentaires alloués à la modernisation vont permettre de renforcer la résilience du réseau face à ces nouveaux défis climatiques.