Odette Pauvert, une pionnière trop longtemps oubliée

Fille et sœur d’artistes, Odette Pauvert suit très tôt la voie des Beaux-Arts. Formée à Paris, elle devient en 1925 la première femme à décrocher le prestigieux Grand Prix de Rome en peinture, une reconnaissance inédite qui lui ouvre les portes de la Villa Médicis. Durant trois années romaines, elle affirme un style nourri de l’héritage de Quattrocento italien, tout en cultivant une ambition : celle du grand décor.

Revenue à Paris, la jeune artiste multiplie les projets d’envergure, mais son parcours connaît un coup d’arrêt avec son mariage en 1937, puis la Seconde Guerre mondiale. Dans l’après-guerre, le triomphe des avant-gardes réduit encore la visibilité des peintres attachés à un classicisme décoratif. Odette Pauvert poursuit malgré tout son œuvre, à rebours d’une modernité jugée incontournable.

L’exposition de La Piscine propose de redécouvrir cette figure singulière, en réunissant des prêts exceptionnels des Beaux-Arts de Paris, de la Villa Médicis et de collections privées, dont celles de la famille de l’artiste. Elle interroge aussi la place des femmes dans l’enseignement académique du début du XXe siècle. Une manière de rappeler l’engagement de La Piscine en faveur de la valorisation des artistes femmes, particulièrement nombreuses dans ses collections de l’entre-deux-guerres.

L’exposition est organisée dans le cadre de Fiesta, 7e édition de lille3000.

En écho à cette célébration de l’Art déco, La Piscine déploie également un vestiaire années 20. Cette exposition explore l’univers foisonnant de la mode des Années folles : robes perlées aux lignes souples, tissus métallisés aux motifs géométriques, plumes et fourrures raffinées. Inspirée par les propos d’Henri Clouzot, conservateur du Palais Galliera en 1925, l’exposition met en avant ce goût de la modernité qui alliait simplicité des formes et luxe des matières.

Puisant dans ses riches collections textiles et de mode, le musée révèle des pièces signées de grandes maisons comme Jean Patou, mais aussi des étoffes damassées, jacquards et toilettes de jour qui illustrent la créativité d’une décennie marquée par une véritable révolution esthétique. L’exposition, installée dans les espaces permanents, sera accessible gratuitement chaque premier dimanche du mois.

3 questions à Hélène Duret, directrice et Conservatrice du Musée

Une plaquette de présentation de la saison qui arbore un nouveau style, votre empreinte ?
Pas vraiment, en fait ! C’est une proposition de notre graphiste, Philippe Delforge. J’étais surtout attentive à la lisibilité de nos propositions.

Une programmation 2025/2026 tournée vers le textile, pourquoi ?
Parce que c’est une évidence à Roubaix ! Nous avons de très nombreuses pièces textiles, dont des « perles » comme nos robes des années 1920 présentées à l’automne. C’est aussi l’occasion de mettre à l’honneur les forces textiles du territoire, comme La Redoute. Mais il n’y a pas que le textile : peinture avec Odette Pauvert, et surtout photo l’été prochain avec une exposition qui ouvre le bicentenaire de la photographie !

Un an après votre arrivée, quel bilan et quelles perspectives ?
Cette première année a été très dense, avec une programmation soutenue : 90 000 visiteurs pour l’exposition Rodin/Bourdelle ! Des chantiers se sont invités, notamment l’arrivée à la Ville de la Manufacture, qui rejoint au 1er septembre une nouvelle direction des musées. C’est une surprise, mais une chance incroyable car il y a une vraie complémentarité entre les deux musées. D’autres chantiers sont en cours, comme la rédaction de notre nouveau Projet Scientifique et Culturel.

> Vernissage des expositions d’automne le vendredi 10 octobre 2025 à partir de 18h