Par

Ugo Maillard

Publié le

3 oct. 2025 à 14h15

C’est un cauchemar dont Sabrina ne s’est pas encore totalement réveillée. Durant trois longues années, une personne a vécu dans l’appartement de Sabrina Di Donato situé à Menton (Alpes-Maritimes) de manière illégale. La femme de 55 ans, d’origine italienne, a tout tenté pour récupérer son bien immobilier, en vain. Si le squatteur a quitté les lieux en fin d’année 2024, expulsé par les forces de l’ordre, Sabrina reste marquée par cet épisode de vie traumatisant. Pour actu Nice, elle raconte sa descente aux enfers.

Une location qui se transforme en squat

En 2011, Sabrina Di Donato achète un appartement sur la commune de Menton. Six ans plus tard, elle rencontre quelqu’un et part s’installer à Nice, avec lui.

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La décision de mettre son appartement en location s’impose. Par le biais d’une agence de location mentonnaise, elle trouve un locataire dès 2017. Les problèmes commencent en 2021 lorsque le bail de l’appartement est transféré au fils de l’ancien locataire. À partir de cette date, Sabrina ne va plus percevoir de loyer.

Malgré la sollicitation d’un avocat et plusieurs dépôts de plainte auprès de la police, le squat va durer jusqu’en fin d’année 2024.

« Je me suis retrouvée à la rue »

Sans loyer versé pendant trois ans, la situation financière de Sabrina se tend. Une situation financière qui va encore s’aggraver lorsque la femme de 55 ans se sépare de son compagnon.

« Dans un premier temps, je souhaite récupérer l’appartement de Nice que je louais avec mon compagnon. Mais légalement, c’est impossible puisque j’étais propriétaire d’un bien immobilier (NDLR : l’appartement loué de Menton) alors que mon conjoint, non », explique Sabrina.

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Nous sommes en 2022. Sabrina se retrouve sans toit. « Je me suis retrouvé à la rue », se remémore la femme de 55 ans aujourd’hui. Dans le même temps, son appartement de Menton est toujours squatté malgré les procédures d’expulsion lancées auprès de la préfecture des Alpes-Maritimes.

Une quinzaine de jours se sont écoulés avant que Sabrina ne puisse retrouver un logement sur Nice.

Le squatteur expulsé après trois ans

« Le procès a été renvoyé trois fois au tribunal puisque le squatteur ne se présentait jamais. J’ai envoyé des dizaines de mails à la préfecture, au parquet, mais rien. » C’est avec amertume et colère que Sabrina se souvient de ces mois de combat pour récupérer son appartement.

Sollicité par actu Nice, Me Doukhan, avocat de Sabrina Di Donato, confirme les dires de sa cliente : « Sa procédure a pris un temps fou. Ça a tardé plus que de raison. Elle a craqué et elle m’a écrit pour résoudre le problème. »

L’avocat au barreau de Paris a attaqué la préfecture des Alpes-Maritimes en responsabilité, ce qui a permis une expulsion dans un délai de deux mois, soit en août 2024.

« Si l’expulsion n’est pas constatée, c’est aux services de l’État de prendre en charge le loyer de la victime de squat au motif de préjudice. Elle a donc pu récupérer son appartement », se réjouit Me Doukhan.

Le dossier est clos d’un point de vue juridique, mais pour Sabrina le cauchemar ne s’est pas arrêté là.

Un appartement saccagé

Lorsque Sabrina retourne enfin chez elle, la Niçoise d’adoption découvre un appartement « invivable ». « Ils ont tout détruit, cassé la porte d’entrée, volé du mobilier et ont mis de la nourriture pour pigeons dans tout l’appartement », liste Sabrina.

Au total, près de 20 000 euros de réparations sont nécessaires. Après plusieurs mois de travaux, la femme qui travaille dans un hôtel parvient à trouver un nouveau locataire en décembre 2024.

« La justice m’a abandonné »

Si la situation s’est apaisée, Sabrina paye encore la présence interminable de ce squatteur. « Je n’ai pas eu de loyer pendant des mois alors que je n’avais pas fini de rembourser mon crédit pour l’appartement. Pour moi, le cauchemar continue », soupire-t-elle.

Partagée entre « colère, injustice et rage », elle assure que la justice l’a « abandonnée ». « Il faudrait qu’on ait les moyens d’expulser les personnes qui sont là illégalement
Mais aujourd’hui, ce n’est pas possible. »

Je n’ai pas eu de vie sociale pendant deux ans parce que je n’avais plus d’argent. Vis-à-vis des gens, on est des perdants, ils ne comprennent pas comment on se laisse faire… Je suis très forte, mais je me suis demandée si je ne devais pas tout abandonner.

Sabrina Di Donato
Victime de squat

Sabrina manifestait le 10 septembre pour faire valoir le droit des victimes de squat.
Sabrina manifestait le 10 septembre pour faire valoir le droit des victimes de squat. (©Ugo Maillard / actu Nice)

Selon ses calculs, la présence du squatteur dans son appartement lui a coûté, au total, 65 000 euros. Sabrina, qui avait prévu de vivre dans son appartement de Menton dès sa retraite, confie ne plus vouloir y mettre les pieds.

Encore traumatisée, elle désire désormais vivre « perdue dans les montagnes, loin du monde extérieur ».

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