Publié le
3 octobre 2025
Au calendrier de la filière du textile-habillement, le 22 octobre fera date. Les porteurs de l’affichage environnemental français (AEF) et ceux du calcul d’empreinte environnementale (PEF) européen se rencontreront à La Défense pour aborder la convergence de leurs deux méthodes. Une convergence des durabilités physiques et non physiques des vêtements qui n’en finit de diviser la filière, et qui pourrait déterminer le passage à un affichage obligatoire.
Au premier plan, l’affichage environnemental français déployable de façon volontaire depuis le 1e octobre 2025 – FNW/Shutterstock
Selon les informations de FashionNetwork.com, cette rencontre prendra la forme de table-rondes, et il s’agira des premiers échanges spécifiquement tournés vers la convergence des méthodes de calculs d’impact françaises et européennes. Les deux équipes ne sont cependant pas étrangères, le Commissariat général français au développement durable (CGDD) en charge de l’AEF siégeant au secrétariat technique du PEF.
Cette rencontre interviendra quelques jours après le lancement officiel, au 1er octobre, de l’affichage environnemental français pour l’habillement. Un dispositif dont la loi prévoit qu’il a vocation à devenir un jour obligatoire. Mais le calendrier de cette évolution est désormais entouré d’inconnues, faute de stabilité gouvernementale.
De sources ministérielles, le passage à un affichage obligatoire souffre désormais d’une deuxième inconnue: ce passage se fera-t-il via la France, ou via l’Union européenne ? C’est la question qui se pose désormais au niveau national comme communautaire, avec de fortes implications en termes d’obligations pour marques et distributeurs.
Le PEF se différencie de l’AEF du fait qu’il prend en compte la durabilité physique des produits, à savoir leur résistance à l’usage et dans le temps. Le score français se focalise lui sur la durabilité dite extrinsèque, ou non physique, correspondant aux méthodes de production (distance, quantité, procédés…). Un décalage qui est depuis plusieurs mois un sujet de vives tensions entre les fédérations françaises et le ministère tricolore de la transition écologique.
Et c’est d’ailleurs dans ce contexte de grogne que, du côté des scores français et européens, les experts en sont venus à convenir que les deux méthodologies avaient vocation à se rapprocher. Créant au passage un nouveau sujet de début: quelle pondération définir entre les deux formes de durabilité ?
La réunion parisienne du 22 octobre, qui se tiendra dans des locaux du ministère, aura ainsi à l’ordre du jour l’évolution du PEF et de ses choix techniques, ses emprunts et différences avec l’AEF, et surtout les perspectives de convergence entre les deux méthodologies.
Si la liste des intervenants n’est pas encore officielle, les professionnels du secteurs devinent déjà les points d’achoppements qui seront débattus. En cas d’absence d’une donnée spécifique sur un produit, le score français prévoit par exemple d’appliquer la note médiane sur ce type de produit, là où le score européen adoptera la note la plus basse de la catégorie. Ce qui fait craindre que, grâce à la méthode française, certains acteurs peu vertueux puissent capitaliser sur le manque d’information pour améliorer artificiellement leur note grâce à la note moyenne.
A contrario, la méthodologie européenne est redoutée par certains acteurs de la filière car elle prend en compte la durée de vie des matériaux dans le temps. Or les matériaux synthétiques dont le polyester, la fibre la plus produite au monde, s’avèrent plus résistants que les fibres naturelles, et en tireraient donc un bonus en dépit de leurs origines hydrocarbures. D’où la crainte de voir ce critère profiter à des acteurs de la mode ultra express (ou ultra fast fashion) comme les chinois Shein et Temu.
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