Il a levé l’ancre jeudi 2 octobre au soir. Le Boracay, navire de la flotte fantôme russe arraisonné samedi par la marine française, a appareillé dans la nuit de jeudi à vendredi et fait cap ce vendredi matin vers le sud-ouest, selon les sites maritimes spécialisés Marine Traffic et Vesselfinder, s’éloignant de Saint-Nazaire où les autorités françaises l’avaient dérouté et contraint au mouillage.

Le commandant et son second, de nationalité chinoise, sont à bord, a précisé une source proche du dossier, selon laquelle les deux hommes «ont été ramenés sur leur navire à l’issue de la garde à vue». Le capitaine doit être jugé en février à Brest pour «refus d’obtempérer», ont fait part jeudi les autorités judiciaires françaises. Ces dernières avaient ouvert une enquête après que des commandos marine ont arraisonné le Boracay en raison «des incohérences présentées par le pétrolier quant à sa nationalité» et son «absence de pavillon», selon le procureur de Brest.

L’arraisonnement de ce bâtiment de la flotte fantôme russe témoigne de la volonté de Paris «d’accroître la pression sur la flotte fantôme parce que ça réduit clairement la capacité de la Russie à financer son effort de guerre» en Ukraine, a fait valoir jeudi Emmanuel Macron depuis Copenhague, où se tenait un sommet de chefs d’Etat et de gouvernement européens.

Le chef de l’Etat français a dans la foulée annoncé une réunion «dans les prochains jours» des chefs d’état-major, «en coordination avec l’Otan, dans le cadre de la Coalition des volontaires» des pays prêts à apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine, pour «bâtir des actions communes».

Pour Vladimir Poutine, l’arraisonnement du Boracay relève de la «piraterie». «Le pétrolier a été arraisonné dans les eaux neutres, sans aucun fondement. Visiblement, ils cherchaient quelque chose, des marchandises militaires, des drones, ou des choses comme ça. Mais il n’y a rien de ça là-bas», a déclaré le président russe depuis Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, tout en disant qu’il ne «sait pas dans quelle mesure il est lié à la Russie».

Ce pétrolier fait partie d’un ensemble de plusieurs centaines de navires clandestins dont le mode opératoire opaque – changement fréquent de pavillons, propriétaires installés dans des paradis fiscaux, transpondeurs souvent éteints – les rend difficiles à repérer et à relier à Moscou.

Le 20 septembre, le bateau qui avait quitté le port russe de Primorsk, près de Saint-Pétersbourg, avait initialement pour destination Vadinar, dans le nord-ouest de l’Inde. Destination qu’il s’apprête toujours à rallier.