Construction & ConfortRévolution intra-auriculaire
Cette troisième génération d’écouteurs premium Apple marque un changement de philosophie assez radical en matière de design. Elle délaisse le format semi intra-auriculaire des AirPods Pro 2, caractérisé par des canules plates sur lesquelles viennent se fixer des embouts ultra souples, pour une conception intra-auriculaire. Les AirPods Pro 3 adoptent ainsi des canules légèrement saillantes, associées à des embouts en silicone plus rigides, intégrant une fine couche de mousse.
Là où leurs aînés se posaient simplement à l’entrée du conduit auditif, les AirPods Pro 3 s’y insèrent davantage. Dès la configuration, Apple avertit d’ailleurs de la nécessité d’effectuer une légère rotation pour assurer un bon positionnement.
AirPods Pro 2 à gauche ; AirPods Pro 3 à droite
© Les Numériques
Inédit chez Apple, ce format s’accompagne de coques repensées. Celles-ci ont été affinées et comprimées au niveau de la chambre acoustique de manière à s’appuyer légèrement sur l’anthélix de l’oreille une fois les embouts insérés. Par ailleurs, les embouts sont désormais presque perpendiculaires au corps des écouteurs.
Parmi les autres évolutions physiques, on note l’intégration d’un capteur cardiaque sur la partie externe des coques, ainsi que des grilles d’évent et de micro élargies. Ces raffinements entraînent des dimensions légèrement plus imposantes et un gain négligeable de 0,2 g par écouteur. Comme toujours chez Apple, la fabrication reste soignée, sans ostentation.
AirPods Pro 3 à gauche ; AirPods Pro 2 à droite
© Les Numériques
On ne va pas tourner autour du pot : les AirPods Pro 3 sont moins transparents que leurs prédécesseurs une fois logés dans les oreilles. L’intrusion étant supérieure, une sensation d’inconfort peut apparaître suite à un port prolongé, notamment si l’utilisateur a dû forcer pour que les écouteurs tiennent en place. Le choix d’embouts adaptés, livrés au nombre de cinq paires pour l’occasion (XXS, XS, S, M, L), est alors crucial. Suffisamment souples pour épouser naturellement la forme de l’oreille, les embouts hybrides des AirPods Pro 3 constituent néanmoins un excellent compromis entre les modèles rigides en mousse à mémoire de forme et les embouts plus souples en silicone.
En contrepartie, si les AirPods Pro 3 sont aussi bien maintenus que leurs aînés au quotidien, ils sont beaucoup moins sensibles aux déstabilisations brusques. Cette meilleure adhérence semble également prévenir tout glissement lié à la transpiration, tout en sécurisant efficacement l’isolation.
Passant d’une certification IP54 à IP57, les AirPods Pro 3 s’inscrivent dans une nouvelle logique orientée vers le sport. Sur le papier, cette norme les rend capables de résister à une immersion dans 1 m d’eau pendant 15 min. Toutefois, bien qu’Apple mette en avant une résistance accrue à l’eau et à la transpiration, elle déconseille tout usage lors d’activités aquatiques.
Boîtier
Le boîtier de charge évolue pour s’adapter à des écouteurs plus volumineux. Il gagne ainsi en taille, tout en conservant l’épaisseur de la génération précédente. L’évolution est maîtrisée, puisqu’il se fait toujours aussi discret dans une poche de pantalon.
Paradoxalement, Apple a réussi à alléger l’ensemble avec un poids réduit à 44 g, contre 50,8 g auparavant. Une optimisation bienvenue, même si elle semble uniquement s’expliquer par une réduction de la capacité de la batterie.
Pour le reste, la construction reste fidèle à celle de l’ancien modèle. On retrouve le revêtement blanc brillant, l’emplacement pour dragonne, ainsi que les mini haut-parleurs dédiés aux alertes sonores et à la localisation. La qualité de fabrication demeure excellente, inspirant robustesse et durabilité. On note d’ailleurs la disparition du léger jeu au niveau des charnières, présent sur les AirPods Pro 2.
D’autre part, le boîtier a été revu dans l’esprit des AirPods 4. Il abandonne le bouton d’appairage physique au profit d’un double appui sur une surface tactile située à l’avant. La diode témoin de connexion est aussi intégrée plus discrètement.
Expérience utilisateurUn contrôle ultra poussé sous iOS
Commandes
Toujours précises et réactives, les commandes des AirPods Pro 3 restent fidèles à celles de la génération précédente. Le volume se règle par un balayage vertical sur la tige, tandis que la gestion de la lecture et des modes d’isolation s’effectue via des pincements au niveau des encoches avec retour haptique. Chaque interaction est accompagnée d’une alerte sonore bien pensée, simulant la sensation d’un bouton physique.
Les différences se limitent à quelques ajustements matériels. Les encoches sont un peu moins creusées et les tiges légèrement épaissies impliquent une prise en main un peu plus ferme. Comme sur la deuxième version, un capteur de port très réactif permet de gérer automatiquement la lecture/pause. À noter que si les commandes restent fonctionnelles sous Android, la détection de port est exclusive à iOS.
Enfin, grâce à la puce U2 également présente dans les iPhone et les AirTags, la localisation du boîtier gagne théoriquement en précision. Comme pour les écouteurs eux-mêmes, il est toujours possible de le faire sonner lorsqu’il est égaré à proximité.
Connectivité
Comme à son habitude, Apple reste muet sur la connectivité intégrée dans les AirPods Pro 3, d’autant qu’aucune nouvelle puce ne vient justifier un éventuel changement à ce niveau.
Sur le papier, ils se contentent d’un récepteur Bluetooth 5.3, uniquement compatible avec les codecs AAC et SBC. Aucun support officiel pour un codec lossless ni pour un mode basse latence, même si Apple pourrait recourir à des solutions propriétaires, dont le fonctionnement reste opaque. Mesurée à 190 ms en natif, la latence est d’ailleurs étonnamment correcte au regard de la concurrence, bien que trop élevée pour ne pas percevoir un décalage audiovisuel à la lecture d’un contenu non compensé.
Malheureusement, plusieurs fonctionnalités clés restent strictement réservées à l’écosystème Apple. Le multipoint (via Audio Switch), le partage audio et l’appairage rapide ne sont accessibles que sous iOS.
Application
Comme tous les écouteurs Apple, les AirPods Pro 3 s’intègrent directement dans l’app Réglages d’iOS, sans application dédiée, et leur usage sur Android est tronqué.
Ils embarquent toujours la puce H2 et Apple permet à un large panel de produits récents de bénéficier des nouvelles fonctionnalités logicielles. Sous iOS 26, l’expérience est donc pratiquement identique à celle des AirPods Pro 2. La seule fonctionnalité exclusive au nouveau modèle est la mesure de la fréquence cardique à l’aide d’un capteur inédit, sur lequel nous reviendrons dans un article dédié.
Les rares nouvelles options sont celles introduites avec iOS 26, déployé récemment. Parmi elles, on retrouve la possibilité de prendre une photo à l’aide des commandes tactiles des écouteurs, ou encore la mise en pause automatique de la lecture quand l’utilisateur s’endort.
Pour l’heure, Apple réserve toujours la fonction de traduction en direct aux pays hors de l’Union Européenne. Idem pour l’aide auditive, que la France boude. Or le test auditif réalisable avec les écouteurs génère une égalisation adaptée aux résultats. Nommée Audiogramme, cette dernière est accessible aux côtés d’autres modes sonores, au sein du menu Accessibilité de l’iPhone. Dépendants d’un iPhone en particulier, ces presets ne restent hélas pas en mémoire des écouteurs. Quoi qu’il en soit, ils ne pallieront jamais l’absence d’un véritable égaliseur à bandes.
AudioUn parti pris clivant
Même si c’était probablement son intention dès le départ, le passage d’une architecture semi-intra à intra-auriculaire a contraint Apple à revoir l’architecture acoustique de ses écouteurs phares. Au-delà de l’éventuelle introduction de nouveaux transducteurs, la marque semble surtout avoir retravaillé le contrôle du flux d’air pour améliorer la réponse dans les basses.
Un changement de signature sonore surprenant s’opère bel et bien avec les AirPods Pro 3, qui se démarquent de leurs aînés par une accentuation plutôt franche de l’extrême grave et l’extrême aigu. Ce parti pris renforce à la fois la largeur de la scène sonore et la sensation d’aération, contribuant à l’immersion et au spectacle, mais cela se fait hélas au détriment de la transparence.
Cette touche d’artifice, perceptible en premier lieu sur les très hautes fréquences, se manifeste par des charleys et des cymbales très en avant, à la brillance parfois excessive. Ce caractère peut rapidement devenir envahissant, voire fatigant, à l’écoute d’enregistrements naturellement chargés en éléments percussifs aigus. Difficile d’y échapper en conséquence, les sibilances vocales les plus aiguës sont elles aussi accentuées.
À titre de comparaison, bien que déjà plutôt lumineux en raison d’un pic vers 7 kHz, les AirPods Pro 2 sont plus équilibrés dans les hautes fréquences. Les charleys ne sonnent pas outrancièrement, laissant davantage de place à la richesse des médiums. Les AirPods Pro 3 ne se contentent d’ailleurs pas d’accentuer le pic de leurs devanciers, car toute la plage de 8 à 15 kHz est désormais généreusement rehaussée. Un réglage qui s’avère à lui seul assez maladroit pour nuire au naturel du rendu.
Même si cela ne le justifie pas, ce choix intervient manifestement pour compenser la hausse des basses annoncée par Apple. Cette région révèle un autre parti pris : celui d’offrir un extrême grave un peu trop prononcé, là où les AirPods Pro 2 font preuve d’une parfaite mesure sans nuire à l’équilibre sur le reste du spectre. Ce surplus altère notamment l’impact des grosses caisses, désormais un peu trop lourd. Cela dit, malgré ce gain évident en profondeur, les basses conservent une excellente définition et un contrôle remarquable.
Heureusement, l’aspect artificiel des aigus peut se faire oublier sur les enregistrements naturellement doux dans cette région. De plus, géré avec la même précision que sur les AirPods Pro 2, le médium conserve clarté et présence, bien que de fait plus en retrait. Le bas-médium est légèrement renforcé pour donner du corps aux éléments fondamentaux, tandis que le haut-médium est rehaussé avec modération, suffisamment pour porter les éléments sonores les plus énergiques sans agressivité. Cet équilibre permet de préserver la justesse des timbres, en particulier ceux des caisses claires et des voix, tout en limitant l’exacerbation des chuintantes.
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Signal carré 50 Hz
Signal carré 500 Hz
Malgré une signature flatteuse, les AirPods Pro 3 restent techniquement irréprochables. Le niveau de détail supplémentaire, concentré sur l’extrême aigu, n’altère pas fondamentalement l’intégrité de la musique. Cette approche assumée s’éloigne simplement de la neutralité, ce qui est étonnant de la part d’Apple.
IsolationImmersion totale
Réduction du bruit
Apple revendique une réduction de bruit deux fois plus efficace que celle des AirPods Pro 2, affirmant même avoir conçu le meilleur spécimen sur le marché des écouteurs sans-fil. Une ambition élevée, qui n’a de sens que sur le papier, mais qui se traduit tout de même par des résultats convaincants sur le terrain.
Comme on pouvait s’y attendre, malgré des améliorations annoncées sur le traitement audio et les microphones, la progression repose avant tout sur les nouveaux embouts, plus rigides et isolants. En effet, si la réduction dans le médium gagne quelques décibels par rapport aux AirPods Pro 2, l’isolation passive prend le relais à partir de 4 kHz.
Le résultat est probant, car les AirPods Pro 3 offrent jusqu’à 10 dB d’atténuation supplémentaire dans le haut-médium et l’aigu. Combinée à une réduction toujours très efficace du grave au médium, cette amélioration permet aux AirPods Pro 3 de proposer l’un des meilleurs ANC du marché.
Par rapport aux AirPods Pro 2, le plus impressionnant demeure leur capacité à rendre les conversations environnantes totalement incompréhensibles. L’équilibre fréquentiel est tel que seuls les propos simples, forts et isolées restent compris. Quant aux bruits du quotidien, seuls les éléments médiums des sons puissants (moteurs, annonces en gare, etc.) subsistent.
Là où les AirPods Pro 2 excellaient déjà, ce modèle efface encore plus efficacement les sons graves. Bruits de ventilation, grondements d’un bus à l’arrêt et bruits de fond urbains deviennent presque imperceptibles. En outre, les AirPods Pro 3 gèrent bien les changements de pression soudains et n’occasionnent aucun bruit de fond ni pression lors de l’activation de l’ANC. Ils surpassent aussi leurs prédécesseurs dans la réduction des bruits de vent.
En matière de performances globales, les AirPods Pro 3 dépassent désormais les Bose QC Ultra Earbuds (2e génération). En revanche, ils restent encore légèrement en dessous des Sony WF-1000XM5, qui conservent l’avantage dans l’atténuation des aigus grâce à leurs embouts en mousse, certes moins confortables, mais redoutablement isolants.
Écoute des sons environnants
Apple a réussi un tour de force en proposant un mode Transparence aussi performant que celui des AirPods Pro 2, malgré des embouts plus isolants.
L’aigu est toujours un peu feutré, mais les AirPods Pro 3 présentent l’environnement avec un grand naturel. Les sons ambiants, qu’ils soient proches ou lointains, sont parfaitement localisés et perceptibles, sans que des bruits de fond ne viennent perturber l’expérience. Comme promis, la restitution de notre propre voix gagne en clarté grâce à une légère accentuation autour de 1,5 kHz. Seul bémol, leur conception intra-auriculaire les rend un peu plus présents dans les oreilles, ce qui limite légèrement la sensation d’oubli que procurait le modèle précédent.
Points forts
- Restitution précise, profonde et immersive.
- L’un des meilleurs ANC du marché.
- Très bon confort, excellent maintien.
- Certification IP57.
- Kit mains-libres de haut vol.
- Très riche en fonctionnalités.
Points faibles
- Sonorité artificielle dans l’extrême aigu.
- Conception intra-auriculaire peu universelle.
- Expérience utilisateur tronquée sur Android.
- Régression de l’autonomie totale.
Conclusion
Note globale
Comment fonctionne la notation ?
Alors que la seconde génération conserve une place de choix face à la concurrence, Apple sort des sentiers battus avec des AirPods Pro 3 radicalement différents. Une démarche à la fois audacieuse et respectable, mais qui remet en question leur universalité. Leur design intra-auriculaire, pourtant aux petits oignons, ne conviendra pas à tous les utilisateurs, tandis que leur signature sonore s’éloigne de la subtilité qui caractérisait le précédent modèle. Au-delà de fonctions de santé innovantes, d’une orientation plus sportive et d’une autonomie accrue, leur véritable atout réside dans une réduction du bruit largement optimisée, au point de pratiquement se hisser au rang de la meilleure du marché.