À Rennes, mille et une lumières s’apprêtent à éclore pour les fêtes. Nous avons ouvert la porte d’un lieu secret où, loin des regards, les mains patientes des artisans municipaux préparent depuis des semaines la magie scintillante de décembre…
Peut-être les avez-vous déjà croisées : ces silhouettes en gilet fluorescent, perchées sur une nacelle, accrochées aux branches nues des platanes ou aux façades des rues commerçantes. Les camions de la Ville de Rennes sillonnent la cité pour suspendre les premiers éclats de la fête. Dès le 29 novembre 2025, la capitale bretonne brillera à nouveau, après le traditionnel lancement des illuminations par la Maire et Présidente de Rennes Métropole, Nathalie Appéré. Alors, d’un seul geste, l’obscurité se changera en conte lumineux.
Dans l’atelier, Michel Fixot, électricien, et Bertrand Bigot, conseiller technique, veillent à chaque détail des décorations.
Derrière cette féerie se cache un univers méconnu : les ateliers municipaux, où les décorations patientent comme des trésors endormis. Là, on restaure une étoile, on retisse une guirlande, on invente des formes nouvelles. « Chaque année, nous disposons certains décors dans des lieux stratégiques pour que les enfants, pour qui l’offre est souvent plus restreinte, puissent s’émerveiller », raconte Bertrand Bigot, du service fêtes, éclairagiste de formation. Les agents municipaux ont puisé leur savoir-faire auprès d’artistes. Rennes cultive alors la particularité de concevoir ses propres lumières en plus d’acheter certains décors. Un Noël façonné à la main, pensé comme un récit pour petits et grands.
Au fil des ans, la créativité grandit. Avec le fabricant Leblanc Illuminations, installé au Mans, les dessins esquissés à Rennes prennent vie. C’est ainsi qu’est né le ballet des 150 étoiles de deux tailles et couleurs différentes qui habillent la place Sainte-Anne. Cette année, une nouveauté surgira au détour de la place Champ-Jacquet : six lustres monumentaux, comme des bijoux suspendus au ciel, leurs croisillons rappelant les colombages, leurs teintes puisées dans les tableaux d’Anne de Bretagne. « Chaque lustre comportera trois anneaux, le plus grand mesurant près de deux mètres », précise Bertrand Bigot. Ces créations ne se contentent pas d’illuminer : elles respirent, varient, s’éteignent et renaissent, comme un cœur battant dans la nuit. Le Parlement de Bretagne se prêtera aussi au jeu : sa façade s’animera progressivement grâce à des scénarios lumineux.
« Observer comment le public vit la ville à travers ces lumières, c’est aussi une part de notre métier », confie Bertrand Bigot.
Car la magie a aussi son côté d’atelier : on recycle, on réinvente, on offre une seconde vie aux ornements. Les étoiles du Mail François-Mitterrand, par exemple, ont été relookées en interne avec de nouvelles guirlandes, pour briller davantage. « Nous travaillons à budget constant, il faut donc être malins. Une partie du matériel est revalorisée pour éviter de nouveaux achats », poursuit-il. Les cœurs, autrefois suspendus rue Le Bastard, ont été dénudés, redessinés, transformés. Aujourd’hui, ce sont des feuilles de gui, à double face – verte d’un côté, blanche de l’autre – qui les remplacent. Ainsi, selon le pas du promeneur, la rue change de décor, comme un décor de théâtre qui se retourne. Voilà, peut-être, ce que signifie Noël à Rennes : quitter un instant la routine, lever les yeux et se laisser surprendre par une lueur nouvelle.
Les étoiles du Mail François-Mitterrand, redessinées et rajeunies.
