Ils se nichent en hauteur, à 4 ou 6 mètres du sol. Sur l’ossature d’une ancienne écurie, dans une bambouseraie, aux murs d’une chartreuse ou dans les arbres. Étranges abris qui s’animent au gré de sons et de mouvements. On s’approche, on lève la tête, on observe, on écoute ces villages suspendus qui invitent à la contemplation.
Ils sont quatre, chacun avec sa singularité. Le premier rappelle les nids ingénieux des oiseaux, d’où s’échappent bruissements, pépiements, babillements : indice du glissement à venir. Les trois autres transposent ces refuges saisonniers en formes d’habitat humaines, ingénieuses et adaptatives évoquant d’autres manières d’habiter le monde : favelas, caravanes, villages flottants. À chaque fois, une immersion différente : berceuse, zip d’une tente, tintement de casserole accompagné de volutes de fumée, frémissement d’un rideau au souffle d’une cantatrice… Mille sons, mille présences.
Souvenirs d’enfance
Aux manettes de ce projet intitulé « Nids », à voir dans différents sites de Saint-Médard-en-Jalles dans le cadre du Festival international des arts de Bordeaux Métropole (FAB) : Jean-Michel Caillebotte, artiste touche-à-tout – sculpteur, scénographe, plasticien –, qui a travaillé une quinzaine d’années au sein de la compagnie Royal de Luxe sur les célèbres géants.
« Le projet est né pendant le Covid, raconte-t-il. J’étais au téléphone avec un ami. Il me disait : ‘‘Ne t’arrête jamais : travaille, travaille !’’ À ce moment précis, un oiseau est passé au-dessus de la palissade. J’ai pensé : ‘‘Lui, il s’en fiche que tout soit arrêté. Il n’a pas de frontières…’’ En une matinée, le projet était bouclé. »
« Le projet est né pendant le Covid. J’étais au téléphone avec un ami. Il me disait : ‘‘Ne t’arrête jamais : travaille, travaille !’’ »
Deux années supplémentaires seront nécessaires pour façonner ces « Nids », ces « intouchables » comme il les appelle. « J’ai puisé dans mes souvenirs d’enfance : les hirondelles à la ferme », poursuit ce fils de paysan normand. « C’est de là qu’est partie la trame : comment raconter cette histoire qui résonne aujourd’hui, dans une époque si clivante ? Comment parler, de manière ouverte et poétique, de celui qui arrive, de celui qu’on ne connaît pas ? L’oiseau s’est imposé aussitôt. » Et avec lui, à travers lui, chaque visiteur peut suspendre son regard, tendre l’oreille et se laisser emporter par ces mondes en apesanteur.
« Nids », en accès libre jusqu’au samedi 11 octobre (sauf lundi) de midi à 20 heures. Parc de l’Ingénieur, Jardin de la maison paroissiale, Jardin secret et parc du Bourdieu, Saint-Médard-en-Jalles. Visites guidées avec Jean-Michel Caillebotte : samedi 4 octobre à 11 heures et 14 heures, dimanche 5 octobre à 15 heures (RDV point info, parc du Bourdieu). Plus d’infos : fab.festivalbordeaux.com