Les premiers policiers municipaux équipés d’armes à feu devraient patrouiller en ville en 2026. Une perspective qui n’est toujours pas envisagée à Nantes, malgré la conversion d’un nombre croissant de communes voisines.

Deux bastions de gauche, deux trajectoires divergentes. Après des années de réticences et de tergiversations, Saint-Nazaire fait volte-face sur l’armement de sa police municipale. Le maire socialiste de la seconde ville de Loire-Atlantique, David Samzun, a annoncé, jeudi 3 avril, que ses 23 policiers municipaux seront prochainement équipés d’armes à feu. Une rupture nette avec l’unité dogmatique qui – jusqu’à présent – unissait à ce sujet Saint-Nazaire avec la ville de Nantes, seconde citadelle rose du département.

«Je n’ai pas de dogme en la matière même si j’ai toujours été très hésitant», a indiqué David Samzun, dans un entretien accordé au quotidien Ouest-France, en précisant avoir mûri sa décision après avoir été sollicité en décembre dernier par les représentants de la police municipale nazairienne. L’élu affirme avoir été convaincu par la nécessité de protéger ses agents en raison de leur présence régulière comme primo intervenants sur les incidents et sur la découverte de plus en plus fréquente d’armes lors des contrôles. «En conscience, je me dis qu’il faut y aller, même si cela ne me fait pas rêver», a conclu l’édile.

Nantes à rebours

La municipalité de Saint-Nazaire a d’ores et déjà sollicité la préfecture de Loire-Atlantique pour mettre en place l’armement létal des agents. Les premiers policiers municipaux équipés d’armes à feu ne patrouilleront en ville qu’en 2026, le temps d’obtenir les autorisations et les équipements nécessaires, puis de former les agents. Le revirement politique de David Samzun s’inscrit dans une démarche de montée en gamme de la police municipale de Saint-Nazaire, entamée depuis le début de son dernier mandat. Déjà à l’origine de la création de «la PM» nazairienne en 2016, l’élu a doublé le nombre d’agents entre 2021 et 2024, en l’équipant par ailleurs de caméras-piéton en 2023.

Plusieurs communes de l’agglomération nazairienne, comme Donges et Montoir-de-Bretagne, ont grillé la politesse à leur chef-lieu, en se convertissant cet hiver à l’armement létal de leur police municipale respective. Le mouvement a pris de la vitesse en Loire-Atlantique, avec la conversion récente de plusieurs communes de façade océanique – dont les stations balnéaires du Croisic, de La Baule et de Pornichet. L’agglomération nantaise n’est pas en reste concernant cette montée en équipement, avec les polices de Carquefou, d’Orvault, de Sainte-Luce-sur-Loire ou encore de La Chapelle-sur-Erdre déjà armées ou en passe de l’être.

À Nantes même, la question de l’armement létal de la police municipale semble rester un non-sujet et un motif de blocage pour les alliés écologistes de la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland. Le statu quo ne paraît en outre pas déranger l’édile qui avait souligné, par le passé, son opposition «personnelle et politique» à cette mesure. Premier adjoint à la ville de Nantes chargé de la sécurité, Bassem Asseh a rappelé, l’automne dernier, que la question n’était pas à l’ordre du jour puisque l’armement non létal actuel – matraques et pistolets à impulsion électrique – suffisait amplement aux activités de la police municipale nantaise. Une «position aberrante et purement idéologique», regrette le syndicat Force ouvrière, au sein de la PM nantaise, qui indique au Figaro que «la situation sur le terrain ne va pas en s’arrangeant» et que l’accès à plusieurs quartiers sensibles leur est interdit, faute de protection.