En 1993, le grand public découvre Les Visiteurs.
Comédie mêlant époque médiévale et âge contemporain sur
fond de bouffonnade et de voyage dans le temps. Le film,
réalisé par Jean-Marie Poiré, porté par
Jean Reno et Christian Clavier,
devient un instantané culte. En plus d’une œuvre
intergénérationnelle qui vieillit comme une bonne petite souplette.
Toutefois, au départ, l’aventure Visiteurs n’était pas
gagnée. À l’arrivée, le long-métrage connaît un immense
succès en salles. Jean Reno et Christian Clavier
reviennent sur la genèse de celui-ci dans ce documentaire d’époque.
Et on aperçoit quelques désaccords entre les
deux.
Les Visiteurs : la révélation culte du tandem Reno /
Clavier
Nous sommes en 1993. Deux ans plus tôt, Jean-Marie
Poiré,
déjà accompagné de Jean Reno et Christian Clavier, et de
Valérie Lemercier, ne l’oublions pas, balance L’Opération
Corned Beef. Un pastiche de film d’espionnage qui ne
rencontre pas le succès escompté. Pas de panique, Poiré et Clavier,
qui écrivent ensemble, en ont encore sous l’coude. Ils planchent
sur ce qui est au départ un court-métrage humoristique et
médiéval.
Finalement, après des hauts et des bas dans la production, le
projet devient Les Visiteurs. Gaumont est
derrière la joyeuse bande qui veut oublier le rendez-vous manqué de
L’Opération Corned Beef. Les
Visiteurs, à l’arrivée, rassemble plus de 13
000 000 de spectateurs au cinéma. C’est aussi la
révélation culte d’un duo qui l’est tout autant, Jean Reno et
Christian Clavier. Alias Godefroy de Montmirail et
Jacquouille la fripouille.
Le film est un carton puis connaît deux suites et un
remake
Les deux personnages hauts en couleur sont parachutés du
Moyen-Âge en l’an de grâce 1993. La différence entre les
deux époques, jonglant sur les deux antiquités se prenant le mur de
la modernité, est le ressort comique principal du film. La
suite, on la connaît. Le film s’inscrit dès le départ dans
l’inconscient collectif grâce à son langage si typique, en vieux
François, mais aussi des scènes emblématiques comme celle de La
Poste ou jour/nuit.
Les Visiteurs connaît deux suites au succès
moindre, en 1998, Les Couloirs du temps, d’abord, puis en
2016, La Révolution. En outre, un remake
américain, titré Les Visiteurs en Amérique par
chez nous, minable car vidé de toute sa substance comique, voit le
jour en 2001.
Christian Clavier désavoue aujourd »hui cet opus dans lequel il
a pourtant joué à l’époque. Dans Les Visiteurs revisités,
docu de l’époque, l’interprète de Jacquouille se livre.
Les Visiteurs, ce point de
désaccord entre Reno et Clavier
On savait déjà Christian Clavier très disert en interview
lorsqu’il parle de cinéma en général. Et, en réalité, il l’est
peut-être plus lorsqu’il parle de son propre cinéma. En
l’occurrence, la création des Visiteurs. “Ça faisait
très très peur [au producteur du film, NDLR] le fait
qu’ils puissent parler en vieux Français.”, raconte Clavier dans
le reportage datant de 2005. Il prend ensuite la voix du
producteur : “Comment voulez-vous que les jeunes des banlieues
aillent voir un film qui s’exprime dans cette langue-là ?
[…] Donc, supprimez tout ça et on pourra faire le film.”
Il est vrai que le langage des Visiteurs est source de
désaccord et cela même au sein de l’équipe…
Christian Clavier et Jean-Marie Poiré racontent avoir trouvé,
avant le tournage, un annuaire de vieux Français leur permettant de
choisir des mots et expressions transparents. En vue de les
intégrer dans les dialogues du scénario. Jean Reno, lui,
dans le même docu, s’inscrit en faux. Avant de vider son sac :
“[Quitte
à être le trouble-fête, ce n’est pas du tout du vieux Français.
C’est simplement une folie de Christian et de
Jean-Marie. Les mots sont déformés …]”
Clavier, dans une autre séquence, contre-attaque avec malice :
“Jean pense souvent qu’on délire. Mais je pense que là-dessus,
il a raison et tort à la fois. Par exemple, ‘une petite
souplette’, c’est une vraie expression […]” Un partout,
balle au centre entre Godefroy et son escuyer, Jacquouille.