« Ça va, ça craint pas trop à Rennes ? » Nombreux sont les habitants à avoir dû répondre un jour à cette question d’un proche ou d’un ami vivant en dehors de la ville, après une énième fusillade liée au narcotrafic ou une manifestation violente dans le centre. C’est, en tout cas, l’une des résultats frappant de notre appel à témoignage. Lancé mi-septembre pour nourrir le dossier du Mensuel de Rennes d’octobre consacré à la mauvaise réputation de Rennes*, il a recueilli quelque 200 contributions. Et la même anecdote revient en des termes similaires à une quinzaine de reprises.

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« L’insécurité à Rennes, c’est le premier sujet abordé par nos amis qui ne vivent pas ici », souligne par exemple François, recruteur de 48 ans et habitant de Maurepas. Son de cloche similaire de Marie : « À chaque fois que je me déplace, on me demande si ce n’est pas trop dur de vivre ici », soulève la commerçante du centre-ville. Ses parents, raconte-t-elle, ont même pris l’habitude de lui passer un coup de fil depuis Montpellier pour prendre de ses nouvelles après chaque manif ou un épisode de tirs. « Cela me fend le cœur car j’aime ma ville. Elle est belle, vivante, agréable, pleine d’histoire. Mais il faut reconnaître qu’il y a eu une bascule. »

L’insécurité, « cantonnée à quelques quartiers » ?

Sur ce point, les avis divergent. Marie, elle, affirme ne pas toujours se sentir en sécurité, expliquant s’être fait voler son portable dans le métro. Un grand nombre des répondants partage son avis et s’alarme d’une dégradation sur le front de la sécurité. Comme Virginie, quadragénaire de Bréquigny, particulièrement concernée : « J’habite à quelques mètres de deux points de deal. Les toxicomanes traînent en bas de chez nous, parfois. Nous n’allons plus à la médiathèque car ils sont postés là. Je ne peux plus aller au Super U non plus car ils sont sur le chemin. »

Si notre enquête n’a pas les prétentions d’un sondage, elle illustre cependant de profondes divergences parmi les Rennais qui nous ont répondu. Pour une part d’entre eux, cette mauvaise réputation est exagérée. D’où ce coup de gueule de Pierre-Armel, un ingénieur du mail François Mitterrand : « Je n’en peux plus de lire les avis des non-Rennais ! L’image donnée par les médias est fausse. » Eddy, technicien de maintenance du quartier Bourg-l’Évêque, abonde dans son sens : « Les phénomènes de narcotrafic sont cantonnés à quelques quartiers et n’affectent en rien l’atmosphère générale. L’ambiance à Rennes reste bonne. »

« Rennes, plus victime que d’autres des problèmes de son temps »

La multiplication des faits divers rennais relayés en boucle sur les chaînes info aurait presque fait perdre de vue une question pourtant essentielle pour les habitants : fait-il toujours aussi bon vivre dans cette ville habituée à truster les podiums des baromètres en tous genres (et à la fiabilité parfois discutable) ? Là encore, le débat, qui alimentera à n’en pas douter la campagne des municipales 2026, fait rage chez les répondants.

Chez ceux estimant que la qualité de vie s’est dégradée, l’insécurité vire en tête des raisons les plus citées. Ce n’est pas la seule : récurrence des manifs violentes, hausse du coût du logement, saleté, mauvaise accessibilité pour les voitures… « Pour moi, les actes d’incivilités augmentent, notamment en centre-ville, la nuit, à cause de la fête », regrette par exemple Lionel, enseignant de 52 ans. François, le recruteur de 48 ans de Maurepas, commente : « Rennes pourrait être la ville idéale mais elle est victime plus que d’autres des problèmes de son temps ».

Pour les autres, relativisant les problèmes d’insécurité, la cité reste celle de la douceur de vivre. Certains estiment même que la qualité de vie s’est améliorée, grâce notamment au développement des transports en commun, à la construction de pistes cyclables et à la piétonnisation du centre-ville. Fanny, juriste de 32 ans et fan de sa ville, se fait leur porte-voix : « La scène culinaire est hors pair, l’offre en bars est très attractive, l’agenda culturel se muscle, on ne s’ennuie jamais ! »

Et vous, qu’en pensez-vous ? Vous pouvez toujours nous donner votre avis via cet article.

* À retrouver chez tous vos marchands de journaux !