Conseil municipal de Bordeaux, mardi 30 septembre. Séance marathon, longue de sept heures, qui vaut à Nathalie Delattre et Thomas Cazenave de se dégourdir les jambes. Ils sont là, les opposants de centre-droit, elle ministre déléguée au Tourisme démissionnaire, lui député Renaissance, tous deux candidats déclarés aux municipales, en grande conversation, mais pas en toute discrétion, au coin de la cour d’honneur du palais Rohan. Petits sourires entendus, du côté de la majorité du maire écologiste Pierre Hurmic, devant ces rivaux en instance probable d’union, sur l’air de « c’était couru d’avance, et c’est un non-événement ».
Ainsi va la pré-campagne bordelaise, petite guerre de positions qui ne dit pas son nom. À la décharge de cet observateur, il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarette entre les interventions inaugurales de Nathalie Delattre et Thomas Cazenave au même conseil municipal. La première lance le débat sur « l’attractivité du centre-ville », entre « déni » municipal sur les friches commerciales en hausse, encadrement des loyers jugé peu pertinent et livraisons liées à la vente à distance dans le secteur borné, au nez et à la barbe des commerçants. Le second s’engouffre dans la brèche, quitte à appuyer plus fort, sur la « vacance commerciale qui explose » et la concurrence « féroce » de la vente en ligne.
« L’union, mais quand ? »
Des critiques en stéréo à la publication des bans, il n’y a qu’un pas. « On poursuit l’objectif d’un rassemblement et on discute », répond Thomas Cazenave. Mais le feuilleton automnal ne se limite pas aux supputations sur un ticket Cazenave-Delattre. À droite, Pierre de Gaétan Njikam (Les Républicains) a déclaré sa candidature dès le mois de mars, et cet ancien collaborateur d’Alain Juppé, lui aussi conseiller municipal d’opposition, tiendra une réunion publique lundi 6 octobre (1).
« On rentre dans le dur, l’automne va fixer les positions », affirme-t-il, prêt à avancer ses « propositions disruptives et ambitieuses ». Pierre de Gaétan Njikam monnayerait son ralliement qu’il ne s’y prendrait pas autrement. « On est tous pour l’union. Mais quand ? Et avec qui ? » s’interroge-t-il. S’il reconnaît une plus grande notoriété à Cazenave et Delattre, l’intéressé revendique un profil « un peu attrape-tout tout en étant LR », « moins monocolore ».
Poutou pas pressé
À gauche toute, la France insoumise dresse le même constat, elle qui appelait de ses vœux, à défaut d’y croire vraiment, un accord électoral avec Pierre Hurmic. Fin de non-recevoir du maire écologiste. Dans un communiqué, le groupe local annonce une conférence de presse, lundi 6 octobre, qui marquera son « entrée officielle en campagne ». La constitution d’une liste, donc, conséquence du « refus de Pierre Hurmic, par voie de presse, de toute alliance ».
Le « grand oral » des candidats
La campagne est lancée, et « Sud Ouest » organise un « grand oral » des municipales, vendredi 10 octobre. Déplacements, logement, emploi, cadre de vie et environnement : plusieurs candidats à la mairie de Bordeaux détailleront leurs ambitions pour la ville et leur vision de la place de Bordeaux dans son territoire, en répondant aux questions de la rédaction, de 9 h 30 à 12 h 30, au Palais des congrès de Bordeaux. Pour assister aux débats, il faut s’inscrire sur grandoraldesmunicipalesbordeaux.com
Mais avec ou sans Philippe Poutou ? En 2020, la liste Bordeaux en luttes menée par la figure syndicale de Ford Blanquefort, et soutenue par LFI, avait obtenu 9,4 % des voix au second tour. « Il y a des discussions en cours », y compris « vendredi soir », répond le conseiller municipal sortant (NPA-L’Anticapitaliste) au comptoir de sa librairie. S’il ne cesse de mettre en avant le collectif, l’ex-candidat à la présidentielle jouit d’une réelle popularité : selon un sondage remontant au printemps, « 86 % » de notoriété et « 16 % » des intentions de vote s’il menait à nouveau une liste NPA-LFI. « Il y a une attente sur mon nom, on le sait, mais ce qui nous préoccupe, c’est la façon dont on peut être utile dans un conseil municipal. On souhaite une liste unitaire, mais on ne se précipite pas. Et si ça ne marche pas, il sera toujours temps d’annoncer une candidature séparée. »
« Ce qui nous préoccupe, c’est la façon dont on peut être utile dans un conseil municipal »
Retour au dernier conseil municipal. Julie Rechagneux en reprend sur ses réseaux sociaux quelques extraits tournant autour du spectre du Rassemblement national et de l’extrême droite. « Pas sereins au conseil municipal de Bordeaux », cingle-t-elle. Députée européenne du parti lepéniste et candidate aux municipales, elle était fin septembre l’invitée de la matinale de la chaîne Youtube du média identitaire Frontières. Tendance rouleau compresseur : « Depuis cinq-six ans, Bordeaux a basculé vers une sorte d’ultra-violence […]. Ce sera la première des préoccupations de ces élections municipales », promet-elle.
(1) Au théâtre Trianon, à 18 h 30.