l’essentiel
Dans « La nature entre science et mystère », Chloé Nabédian dévoile dix récits extraordinaires mêlant légendes et enquêtes scientifiques. De l’Antarctique au désert du Namib, l’ancienne présentatrice météo explore l’inexplicable pour mieux comprendre notre planète.

Journaliste et présentatrice originaire du Tarn, Chloé Nabédian s’est imposée comme l’une des voix engagées de la vulgarisation scientifique et climatique. Après avoir marqué France 2 puis TV5 Monde et France 5, elle vient de rejoindre la nouvelle chaîne T18. Vice-présidente de la Fondation pour la nature et l’homme, elle publie son nouvel ouvrage, La nature entre science et mystère, le 15 octobre (éditions du Rocher).

D’où vous vient cette fascination pour les mystères de la nature ?

Depuis l’enfance. Les orages m’ont toujours impressionnée et je lisais déjà des magazines qui parlaient de phénomènes étranges. J’étais fascinée par les aurores boréales, les feux follets… Cette curiosité ne m’a jamais quittée. Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre ce qui nous échappe, entre légendes, croyances et science.

Votre livre a presque un côté mystique, mêlant peur et émerveillement…

C’est exactement ce que fait la nature lorsqu’on ne la comprend pas. Un cratère géant en Sibérie peut effrayer, car il rappelle la puissance du cœur de la Terre. Mais les « cercles de fées » du désert du Namib, eux, racontent l’adaptation incroyable de la végétation au manque d’eau. Ces histoires nous montrent une nature à la fois fragile et résiliente.

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Comment avez-vous mené l’enquête derrière ces récits ?

J’ai listé une centaine de phénomènes potentiels avant d’en retenir dix. J’ai travaillé en visio avec des chercheurs du monde entier : géologues, ethnologues, climatologues… J’ai voulu que chaque récit, même lorsqu’il frôle le mythe, repose sur des faits réels. J’ai aussi eu beaucoup d’échanges pour vérifier mes descriptions. Même les schémas et les photos ont été validés par les scientifiques concernés.

Quel phénomène vous a le plus marquée ?

Les « cercles de fées » m’ont passionnée. Deux hypothèses s’affrontent encore aujourd’hui : les termites contre la végétation. Les récits des peuples Himbas, souvent enjolivés, contrastent avec la vision plus pragmatique des Aborigènes d’Australie. Et puis il y a eu le « bloop », ce son mystérieux dans l’océan, qui rappelle combien les abysses restent méconnus.


Pourtant, la science n’explique pas tout…

Non, et c’est ça qui est beau. Prenez la cascade de sang en Antarctique : on pensait que sa couleur rouge venait simplement du fer. En réalité, ce sont des micro-organismes qui transforment les molécules. Il a fallu attendre que des machines spécialisées existent pour comprendre le phénomène. La science progresse, et chaque découverte ouvre de nouvelles questions.

Votre livre paraît dans un bouleversement climatique inquiétant. Qu’est-ce qui vous alarme le plus ?

La vitesse. Des phénomènes irréversibles sont déjà enclenchés. La planète réagit, et c’est nous, humains, qui l’avons rendue malade. Mais je reste optimiste : partout, des citoyens et des entreprises innovent, changent leurs pratiques. C’est ce que je raconte aussi dans mon podcast « Vert Demain ». La transformation viendra de la société civile autant que des gouvernements.

« Je ne crois pas au tout-technologique ni au tout-naturel. Ce sera un mélange. Certaines innovations sont utiles, mais tout est interconnecté : si l’on détruit une partie de la biodiversité, c’est l’ensemble du vivant qui en souffre. Restaurer les équilibres reste notre priorité »

Depuis quelques années, l’écologie semble être passée au second plan ?

Oui, clairement. Après les grands incendies de 2022, tout le monde en parlait. Aujourd’hui, on observe un net recul médiatique et politique. Pourtant, jamais nous n’avons eu autant besoin d’explications claires et factuelles. Ce n’est pas qu’un enjeu futur, c’est notre quotidien.

Science et technologie peuvent-elles nous sauver ?

Je ne crois pas au tout-technologique ni au tout-naturel. Ce sera un mélange. Certaines innovations sont utiles, mais tout est interconnecté : si l’on détruit une partie de la biodiversité, c’est l’ensemble du vivant qui en souffre. Restaurer les équilibres reste notre priorité.

Vous venez aussi de rejoindre la nouvelle chaîne T18. Comment vivez-vous cette aventure ?

Très bien ! Je suis ravie de travailler avec Christopher Baldelli et de lancer un programme d’évasion et de découverte à un horaire où l’on parle surtout d’actualité. C’est un vrai pari, mais je me sens comme un poisson dans l’eau. Et puis il y a ce côté « start-up » enthousiasmant d’une nouvelle chaîne.