Par

Brian Le Goff

Publié le

22 avr. 2025 à 13h07

« C’est un événement assez choquant. » Cinq jours après la fusillade dans le quartier de Villejean à Rennes, Patrick Rety, le gérant du Subway, où trois personnes ont été visées et blessées par les assaillants, s’exprime auprès d’actu Rennes. Depuis quelques mois, il était témoin du développement du trafic de drogues aux abords de son restaurant et tentait de lutter contre.

Le patron, qui n’était pas présent au sein de l’établissement au moment des faits, a fait le choix de fermer jusqu’à ce mardi 22 avril pour « protéger [s]on équipe en les mettant au repos quelques jours ».

« Il a commencé à écrire des messages un peu étranges »

Jeudi 17 avril, vers 17 h 30, seul un employé était en service et présent au sein du point de vente.

Sur la messagerie groupée de l’équipe, il a commencé à écrire des messages un peu étranges avec à chaque fois un seul mot : « fusillade », « balles », « blessés ». On ne comprenait pas trop. Je me suis alors connecté aux caméras de surveillance du magasin et j’ai vite compris ce qu’il se passait.

Patrick Rety
Gérant franchisé du restaurant Subway dans le quartier de Villejean à Rennes

Patrick Rety continue à retracer les minutes qui ont suivi la fusillade : « L’employé a eu la présence d’esprit de fermer les grilles rapidement. Il était avec les deux élus, les blessés, les autres clients du restaurant. »

Depuis, le gérant s’est rapproché de la médecine du travail et ses assurances afin de proposer un suivi psychologue à ses employés s’ils le souhaitaient. Quoi qu’il en soit, « même si vous vivez les choses à distance, il y a un sentiment d’insécurité et d’inquiétude qui s’installe », développe-t-il.

Les toilettes étaient devenues un point de deal

Installé depuis 2005 à cet emplacement, le restaurant a vu le quartier évoluer avec les points de deal. « On ressent l’impact depuis quelques années, mais, ce qui nous a vraiment marqué, c’est quand la brasserie d’en face a changé ses horaires, il y a environ un an, en fermant dès l’après-midi. »

L’été dernier, je suis venu une journée au restaurant et j’ai remarqué que la clientèle était un peu étrange. J’ai aussi remarqué qu’un guetteur avait pris place sur la terrasse. Je lui ai demandé de partir, mais il a refusé. Que voulez-vous faire face dans ce cas ? J’ai fini par écrire à la maire, au procureur et au préfet. La police est venue et a commencé à sécuriser.

Patrick Rety
Gérant franchisé du restaurant Subway dans le quartier de Villejean à Rennes

Enfin, en observant cette nouvelle clientèle, le gérant pense que les toilettes du Subway sont devenues un point de deal : « Il y avait du trafic. » Il a ainsi pris la décision de les fermer. « Tout de suite, ça a disparu. »

Malgré la gêne occasionnée pour les clients qui « demandaient pourquoi », les explications ont suffi à leur faire comprendre la problématique.

« On ne va pas fermer »

Alors, après la fusillade, le magasin va-t-il fermer pour éviter toute difficulté ? Pour Patrick Rety, c’est hors de question. « On ne va pas fermer, on est dans une zone que l’on apprécie énormément. » Et ce, même si les scènes de violences liées au trafic de stupéfiants régulières ont un impact économique : « Le quartier souffre, sa réputation est entachée. Effectivement, il y a moins de gens qui passent, les étudiants de Rennes 2 viennent également moins. Beaucoup de parents souhaitent reloger leurs enfants qui étudient à Rennes ailleurs. »

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