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« La vie d’une vieille starlette des années 2000 ». Voilà comment se présente ironiquement Yael Naim dans un documentaire qui lui est consacré, intitulé « Une nouvelle âme » (« A New Soul » en anglais) et disponible sur Arte. Coréalisé par Jill Coulon et long de 56 minutes, le film démarre par le succès fulgurant de la chanteuse avec son tube « New Soul » en 2008, 2 millions d’exemplaires et plus de 200 millions d’écoutes en streaming au compteur. Utilisée dans une pub Apple, la chanson est même devenue « numéro un dans le monde entier » à la veille de ses 30 ans. « Je l’aime de tout coeur. C’est vrai que ça t’enferme un peu, mais ça ne doit pas faire peur » reconnaît aujourd’hui la musicienne franco-israélienne au Parisien : « Sans cette chanson, j’aurais peut-être été moins enfermée, mais avec moins de gens aussi. Là, le monde entier la connaît ».
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« Quand je fais écouter les maquettes, personne n’aime »
« Quand je pense à ma vie, je me dis que les hauts et les bas font tous partie de la même vague, et que j’apprends à surfer, à nager, à me prendre des vagues et à recommencer » débute l’artiste aux trois Victoires de la Musique dans ce documentaire des plus introspectifs. Elle estime notamment s’être « trahie » en participant à des projets commerciaux comme « Les 10 commandements » ou en essayant d’écrire des tubes pour être connue. Mais loin d’être une simple biographie filmée, ce documentaire nous plonge dans les cinq dernières années de sa vie, entre instants intimes en famille, vie de mère et préparation de nouvelles chansons. Et revient sur les coulisses de l’enregistrement de son dernier album en date, le somptueux « Nightsongs », réalisé sans son fidèle comparse David Donatien.
Écrit peu de temps après la mort de son père, ce disque n’a malheureusement pas trouvé son public. Il faut dire qu’il est sorti le 20 mars 2020, quelques jours après le début du confinement en France ! « Nightsongs » était entré 89ème des classements français avec seulement quelques centaines de ventes au compteur. Dans le documentaire, l’interprète de « Dream In My Head » révèle d’ailleurs que son entourage a également accueilli froidement l’album : « Quand je fais écouter les premières maquettes, personne n’aime ce qui sort de moi. « C’est pas touchant, peut-être qu’il vaut mieux que tu le fasses plus tard… ». Mais je suis incapable de faire autre chose ».
Regardez le documentaire Arte « Yael Naim, une nouvelle âme » :
« Je me sens jugée par tous ceux qui étaient mes alliés »
Ainsi, Yael Naim dit ne pas s’être sentie « comprise » et même « jugée par tous les hommes qui étaient [ses] alliées avant » : « J’ai changé. Je ne veux plus qu’on me fiche dans le rôle de la fille sage. J’étouffe ». Transformant cette colère en musique, malgré l’incompréhension de ses proches, la chanteuse se jette donc à corps perdu dans ce travail pendant trois ans, sans savoir qu’un événement extérieur allait contrarier ses plans. « Mon album est sorti le jour du confinement. Tout est tombé à l’eau : les concerts se sont annulés les uns après les autres. Pour la première fois depuis 15 ans, j’ai vécu un échec » raconte-t-elle en voix off : « Je fais le deuil de mon père qui n’est plus là, de l’ancienne Yael qui n’existe plus, de cette musique qui n’a pas vraiment vécu ».
« J’aurais adoré terminer avec un happy end, un Zénith rempli, mais il y a eu le Covid, la tournée annulée. Le happy end n’est jamais venu » complète-t-elle dans les colonnes du Parisien. Celle qui s’est aussi mise à la peinture assure néanmoins que cet échec a été « un super apprentissage » : « De tout faire toute seule, pour la première fois, comprendre l’industrie, prendre des décisions. On devient plus polyvalent. En parlant de tout ça, j’avais envie de transmettre quelque chose qui m’aurait fait du bien de recevoir, plus jeune, de la part d’autres artistes ». Après six ans de silence musical, Yael Naim reviendra le 6 février 2026 avec un nouvel album intitulé « Solaire » et qu’elle annonce comme « un tournant sonore » autant qu’une « libération totale ». « La vague est passée et aujourd’hui j’ai reconstruit » résume-t-elle à la fin de son documentaire.