Tous les mois, nous vous proposons une sélection de restaurants à Paris et ses alentours, testés par notre critique gastronomique Laurent Guez.

Benjamin Schmitt, un de mes bistrots préférés à Paris

Aujourd’hui, je vous ai mitonné une chronique sur un de mes bistrots préférés à Paris : Benjamin Schmitt, du nom du chef et proprio. Formé entre autres au Meurice du temps de Yannick Alléno, au Peninsula avec David Bizet mais aussi à L’Office de la rue Richer, il a réussi à créer une institution gourmande et chaleureuse, alors qu’elle est née il y a à peine deux ans. La maison rouvre mardi 2 septembre, après quelques travaux.

Mon dernier repas, cet été, m’a encore emballé. En entrée, j’avais choisi les sardines grillées à la flamme accompagnées de tomates, marinées et givrées, un délice, et mon ami une tartelette d’escargots, couverte d’une émulsion d’ail doux et de persil d’un vert éclatant. En plat, avec un verre d’aligoté de Fanny Sabre, nous avions voté pour le thon blanc à la bisque de favouilles, ces petits crabes qui sont venus apporter une giclée iodée, contrebalancée par une courgette à la nectarine.

LP / Laurent GuezLP / Laurent Guez

Benjamin sait créer des compositions personnelles, mais aussi délivrer du classique. D’ailleurs, si vous n’y allez pas tout de suite, gardez cet article (ou au moins les coordonnées du resto, si ma prose vous barbe), et courez-y par temps frisquet. Vous découvrirez le fameux cassoulet, version Castelnaudary, l’un des meilleurs de Paris. Les amateurs de vin trouveront leur bonheur à tous les prix, grâce à la vaste sélection réalisée par le chef lui-même.

Benjamin Schmitt, 41-43, rue Catherine de La Rochefoucauld 75009 Paris. Tél. : 01.42.81.00.17. Formule déjeuner à 29 € (deux plats). Comptez une cinquantaine d’euros à la carte.

NOï, super bistrot viêt fait bien fait

Voici une adresse découverte totalement par hasard, et qui mérite de figurer dans cette colonne gourmande. Il s’agit de NOï, rue de Picpus à Paris. En vietnamien, cela signifie « parler », ou alors « à l’intérieur » comme dans Hanoï, qui se situe entre deux fleuves… Quoi qu’il en soit, on mange sacrément bien dans cette cantine viêt du XIIe arrondissement, avec son service toujours souriant mais pas toujours carré, et sa salle génialement décorée : chaises en Formica, enseignes lumineuses comme dans une rue animée de Ho Chi Minh-ville, coupures de journal…

LP / Laurent GuezLP / Laurent Guez

Beaucoup de clients se repaissent d’un plat unique, vite fait bien fait. Pour ma part, les entrées sont ma passion, je n’aime pas aller droit au but. Un soir, j’ai commencé par une salade de concombre à l’ail, cacahuètes et coriandre (majestueuse, et facturée 5 euros), un midi, par un bouillon tom yum (4,50 €), et un autre soir par des nems au poulet, hyper croustillants et qui fleuraient bon les ingrédients frais (6,90 €). C’est dire si j’y suis allé souvent. Mais j’arrive aux plats, assez copieux pour rassasier certains d’entre vous. Les super bobuns – vermicelles, salades et aromates en chaud-froid – se déclinent en plusieurs versions, poulet ou bœuf mariné, aubergines sautées, tofu frit… D’autres spécialités, comme la poitrine de porc, le poulet frit ou le bœuf à la citronnelle, tous accompagnés d’un excellent riz parfumé de cébette, de papaye, d’échalotes frites et de pickles me font saliver rien qu’en vous les décrivant.

NOï, 29 Rue de Picpus, 75012 Paris. Tél. : 09.80.85.49.43 Comptez une vingtaine d’euros. Menu enfant à 10,90 €.

Le Clos d’Astorg, au bonheur du midi

Le premier repas dans un resto parisien, quand on rentre de vacances, a un goût particulier. Dans mon cas, il remonte déjà à plus de trois semaines, c’était un jour d’août qui sentait encore l’été. Les rues étaient si calmes que j’aurais pu envisager un geste fou : aller déjeuner en voiture. Je ne l’ai pas fait, rassurez-vous, quinze jours au soleil n’avaient pas suffi à griller mon cerveau. Je grimpe donc sur mon deux-roues et file dans un bistrot du VIIIe mille fois recommandé, et j’y retrouve mon ami Philippe. Nous n’étions pas les seuls à faire notre rentrée : pareil pour le Clos d’Astorg, le fameux bistrot. Les habitués du quartier, bronzés, détendus, avaient l’air heureux, comme si les retrouvailles avec les œufs mayo, les courgettes farcies ou le tartare au couteau avaient le pouvoir de faire passer le choc de celles du bureau. En fait, oui ! La chaleur humaine de la pause du midi, parfois, ça n’a pas de prix.

LP / Laurent GuezLP / Laurent Guez

Ce jour-là, j’ai démarré par des artichauts à la romaine, pleins de vie, de croquant et de fraîcheur, enchaîné avec un excellent onglet de bœuf sauce au bleu de Bresse accompagnée de frites de première bourre, et oui, j’avoue, ça a mis du baume au cœur de ma rentrée. Je ne sais pas si les rognons à la dijonnaise de mon camarade ont eu le même effet sur lui. S’il lit cette colonne, j’attends sa réponse et me tiens à sa disposition pour y retourner, même en novembre gris.

Clos d’Astorg : 22, rue d’Astorg 75008 Paris. Tél. : 01.55.06.18.16. Superbe formule déjeuner à 25 €. À la carte, comptez 40 à 60 €.

Aux Petits Parisiens, le festin Felzine

Si vous cherchez un endroit où vous régalez près de la Porte d’Orléans, et que vous ne connaissez pas encore Les Petits Parisiens, allez-y les yeux fermés… Cette adresse a une histoire, qui appartient même à la grande épopée de la gastronomie française, car c’est ici – le bistrot s’appelait alors la Régalade – que le chef Yves Camdeborde avait inventé, au début des années 1990, un style révolutionnaire : la bistronomie. Cette cuisine de grande qualité servie sans chichi, et à prix abordable, est toujours d’actualité aux Petits Parisiens.

L’affaire appartient aujourd’hui au restaurateur Arnaud Duhem, passé par Ladurée, le Martinez, le Park-Hyatt Vendôme et Ducasse à Monaco. Il a recruté cet été un nouveau chef bourré de talent, Lucas Felzine. Lors de ma visite, ce dernier rentrait tout juste de vacances, et il avait rapporté du jardin de ses parents de splendides tomates, geste généreux et goût inoubliable. Tous ses plats participent à un festival de saveurs et de fraîcheur. Lucas a la science de l’assaisonnement et le sens des surprises : ses courgettes rôties sont nappées d’une crème de figue. Fantastique. Avec un verre de savennière du Domaine de la Soucherie, un blanc étincelant 100 % chenin, j’ai dégusté un cabillaud nacré, baigné d’une sauce à la reine-des-prés. Quand on sait que le menu du midi est facturé une trentaine d’euros, il ne faut pas hésiter à s’offrir le festin Felzine.

Les Petits Parisiens, 49, avenue Jean Moulin, 75014 Paris. Tél. : 01.45.43.72.97. Menus déjeuner à 27 € (deux plats) et à 31 € (trois plats).

Un jour viandard au Louchébem

Imaginez que vous sortez d’un rendez-vous du côté des Halles, à Paris. Tiens tiens, il est midi et demi, n’est-ce pas l’heure du déjeuner ? Vous êtes tout seul et il se trouve qu’un viandard sommeille en vous. Pas tous les jours, d’ailleurs, mais ce jour-là oui. Et là, vous vous trouvez nez à nez face au Louchébem. Vous l’avez compris, c’est ce qui m’est arrivé l’autre jour. Tout excité, je retrouve ce resto-musée fondé en 1878, où je n’étais pas allé depuis 10 ans facile, et que j’aime autant pour son nom, qui vient de l’argot des bouchers (« louchébem » veut dire « boucher »… en argot de boucher), que pour son ambiance vieux Paris et ses belles pièces de viande.

À peine assis pas loin de l’entrée, surprise : je vois une élégante pousser la porte, aussi seule que moi et qui voulait s’enfiler une entrecôte ni vue ni connue. Sauf qu’elle était connue, en tout cas de moi, et que je l’ai vue. Oh Nathalie ! Oh Laurent ! On a mangé ensemble. Elle, son entrecôte, donc, avec des frites qu’elle a à peine touchées. Moi, « l’assiette du rôtisseur »… servie à volonté avec purée maison et trois petites sauces ! Ce plat généreux (et facturé 33,90 €) est composé de cuisse de bœuf, de gigot d’agneau et de jambon rôti. Pardon, je voulais dire : de « luisquem de loeufbé », de « lanchetrem de ligogem » et de « lambonjem ». Mis à part les sauces, sans intérêt, on s’est tous les deux régalés comme des petits fous. J’ai repris du gigot, juteux et goûteux à souhait. C’était bien.

Le Louchébem, 10, rue des Prouvaires (à l’angle du 31, rue Berger) 75001 Paris. Tél. : 01.42.33.12.99. Comptez 25 à 50 €, suivant la viande choisie (et parfois son poids).