Avant la fin de l’année, le laboratoire prévoit également de mettre fin à ses activités dans deux laboratoires londoniens, situés au sein du London Bioscience Innovation Centre et du Francis Crick Institute, entrainant la suppression de 125 postes.
Selon le média britannique Financial Times, MSD accuserait le Royaume-Uni de manquer de compétitivité à l’échelle internationale, alors que le pays a récemment connu des débats houleux, entre le gouvernement et les industriels de la pharma, au sujet de la politique fiscale mise en place et du prix des médicaments.
MSD n’est d’ailleurs pas le seul géant pharmaceutique à avoir désinvesti ses installations au Royaume-Uni. En février dernier, le géant suédo-britannique AstraZeneca abandonnait son projet d’expansion, chiffré à 450 M£ (540 M€), pour la construction d’une usine de vaccins à Speke, dans le nord de l’Angleterre. Le laboratoire évoquait alors une proposition d’aide publique réduite par le nouveau gouvernement britannique, élu en juillet 2024, par rapport à celle de la précédente majorité.
Mais la politique économique du Royaume-Uni n’est peut-être pas le seul paramètre qui a poussé MSD à revoir son investissement. Aussi, à l’occasion de ses résultats du second semestre, le laboratoire a lancé un plan d’économies de 3 Mrds $ par an d’ici fin 2027. Un programme drastique pour MSD, qui fait face à une baisse de plus de 50 % des ventes de son vaccin Gardasil, et anticipe déjà l’expiration du brevet de son Keytruda, médicament le plus vendu au monde en 2024, avec 28,5 Mrds $ de ventes.
Alors que le Royaume-Uni peine à attirer les investissements des laboratoires, de l’autre côté de l’Atlantique, la politique des droits de douane voulue par l’administration Trump semble, elle, continuer de porter ses fruits.
Les États-Unis, the « place to be » pour les laboratoires
Pour relocaliser ses activités de recherche interrompues au Royaume-Uni, MSD prévoit de se tourner vers des sites existants, principalement aux États-Unis. Comme les autres laboratoires mondiaux, MSD fait face depuis des mois aux pressions du président Donald Trump pour augmenter les investissements pharmaceutiques sur le sol américain.
Le numéro trois mondial fait également partie des 17 entreprises pharmaceutiques à avoir reçu une lettre du président Donald Trump fin juillet, pour les inciter à présenter, avant le 29 septembre, des engagements fermes pour réduire le prix de leurs médicaments aux États-Unis. Des exigences qui ont peut-être pesé dans la balance et fini de convaincre MSD de réduire ses coûts en R&D. Car pour le moment, le laboratoire préfère continuer de montrer patte blanche au gouvernement américain.
En mars dernier, MSD mettait ainsi en service une usine de production de vaccins, d’une valeur d’1 Mrd $ sur son campus de Durham, en Caroline du Nord. Un mois plus tard, le laboratoire américain dévoilait un projet d’investissement d’1 Mrd $ pour la construction d’une usine dans le Delaware, destinée à la production de médicaments biologiques, dont son Keytruda. Prévue pour être opérationnelle en 2028, l’usine deviendrait ainsi le premier site interne de MSD aux États-Unis à fabriquer le traitement. Au total, MSD a prévu d’investir 8 Mrds $ sur le sol américain, d’ici 2028.