Le président français a appelé vendredi les Européens à «reprendre le contrôle de leur espace démocratique», accusant les géants du numérique d’alimenter la haine, la désinformation et la radicalisation politique.
En déplacement à Sarrebruck, en Allemagne, Emmanuel Macron a livré vendredi 3 octobre un discours offensif sur la responsabilité des réseaux sociaux dans la fragilisation des démocraties occidentales. «Nous avons eu l’immense naïveté de confier notre espace démocratique à des réseaux sociaux qui sont à la main soit de grands entrepreneurs américains, soit de grandes sociétés chinoises dont les intérêts ne sont pas du tout la survie ou le bon fonctionnement de notre démocratie», a-t-il lancé, appelant l’Europe à un «sursaut».
Le chef de l’État français a dénoncé la logique même de ces plateformes, qui favorisent «l’excitation cognitive» et «la surréaction», au détriment du débat raisonné. «L’ordre de mérite, c’est que l’émotion est supérieure à l’argument, et que l’émotion négative est supérieure à l’émotion positive», a-t-il poursuivi, évoquant une agora dévoyée où «le bruit et la fureur l’emportent sur la réflexion, où la musique disparaît pour laisser place aux cris».
Pour Emmanuel Macron, les conséquences sont déjà visibles : «Regardez l’épidémie de troubles mentaux, de comportements alimentaires de nos adolescents et de nos jeunes. Il est totalement corrélé à l’émergence des réseaux sociaux»; a-t-il estimé.
Remettons la science et la connaissance au cœur. Redonnons leur place à la culture, à l’éducation, à l’apprentissage.
Emmanuel Macron à Sarrebruck le 3 octobre 2025.
Le président a exhorté l’Union européenne à instaurer des règles claires : «Quand vous avez un journal, vous êtes responsables de ce qu’il s’y publie. Quand vous avez un réseau social, vous devriez être responsables de ce qu’il s’y publie». Il a plaidé pour l’interdiction des faux comptes, la traçabilité des auteurs de contenus et la protection accrue des jeunes.
«Si nous ne nous réveillons pas, nous, Européens, pour prendre le contrôle de notre démocratie, je vous l’écris : d’ici dix ans, tout ce qui joue sur cette infrastructure ou avec elle auront gagné, avertit-il. Et nous serons un continent, comme beaucoup d’autres, de complotistes, d’extrêmes, de bruit et de fureur».
Avant de conclure sur un appel à refonder le débat public autour de la connaissance : «Si nous croyons encore à l’ordre démocratique, remettons la science et la connaissance au cœur. Redonnons leur place à la culture, à l’éducation, à l’apprentissage. Protégeons nos adolescents et nos jeunes de ces réseaux sociaux.»