Vendredi 3 octobre vers 21 h 10, une fusillade a eu lieu, faisant deux morts et touchant cinq personnes à proximité d’un point de deal. Les assaillants, embarqués à bord d’un véhicule Peugeot 3008, ont tué deux personnes et blessé cinq autres.

Les tirs ont eu lieu dans la zone des Moulins, un quartier prioritaire situé à l’ouest de Nice, proche de l’autoroute mais enclavé et régulièrement marqué par des violences pour le contrôle de points de deal. Selon le procureur de Nice Damien Martinelli, qui s’est exprimée samedi matin, la fusillade est «très certainement» liée au narcotrafic.

L’une des deux victimes mortelles est un père de famille né en 1966 originaire de Tchétchénie, et l’autre, âgée d’une vingtaine d’années, étant née à Nice, selon une source proche de l’enquête. Parmi les blessés, figurent deux adolescents et plus aucun pronostic vital n’est engagé, a indiqué le parquet de Nice.

«Si ces faits semblent d’évidence en lien avec le trafic de stupéfiants, plusieurs des victimes apparaissent sans lien avec celui-ci, les tirs ayant pu viser indistinctement les personnes présentes», a précisé le procureur. Les deux personnes, décédées sur place malgré l’intervention des secours, sont nées en 1966 et 2005, selon cette source. Parmi les victimes blessées, deux adolescents, et les autres sont nés entre 1980 et 2002.

Le parquet a ouvert une enquête pour «homicides volontaires en bande organisée et tentatives d’homicide volontaire en bande organisée». Sur place, les enquêteurs ont retrouvé «vingt-cinq douilles de calibre 7-62 mm correspondant au fusil d’assaut Kalachnikov et cinq douilles de calibre 9 mm», sans qu’il puisse être précisé si ces dernières provenaient d’une arme des suspects ou d’un tir de riposte. Un véhicule pouvant correspondre à celui utilisé par les suspects a été découvert calciné sur la commune de Mougins, à 25 kilomètres de Nice, peu avant minuit, a indiqué le parquet ajoutant que la voiture a été volée à Marseille le 30 septembre et roulait avec une fausse plaque.

Les principales figures politiques de la ville, le maire Christian Estrosi et le député d’extrême droite Eric Ciotti en tête, ont critiqué l’action de l’Etat dans la ville. Christian Estrosi a réclamé, après un échange avec le ministère de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, «au plus haut niveau de l’Etat des moyens supplémentaires pour la police et la gendarmerie mais aussi pour lutter plus fermement contre l’immigration dont on sait qu’elle nourrit le narcobanditisme».

Dans la matinée, son rival pour la mairie de Nice Eric Ciotti, habitué des polémiques sécuritaires sur la baie des Anges, avait de son côté dénoncé «un gouvernement défaillant» et «une mairie impuissante», lors d’un point de presse devant le commissariat des Moulins. Il a proposé de mettre en place «un plan d’actions pour reprendre les Moulins en main», avec notamment «des perquisitions systématiques» et «le passage à 1 000 euros» de l’amende forfaitaire pour usage de stupéfiants.

Face aux critiques, le préfet Laurent Hottiaux qui s’est rendu sur les lieux de la fusillade, a indiqué que 300 personnes issues des Moulins et de l’autre grand quartier prioritaire de Nice, L’Ariane, avaient été incarcérées en 2025, dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants.

Il a aussi assuré que deux millions d’euros sont consacrés par an aux Moulins au travers de dispositifs d’accompagnement éducatif ou d’accès aux droits et services publics, et que 75 millions d’euros ont été investis au titre du nouveau programme national de renouvellement urbain. De son côté, le gouvernement a annoncé l’envoi de 60 CRS chargés de maintenir l’ordre dans le quartier aussi longtemps que nécessaire.