Ils ne se connaissent pas et sont jugés l’un après l’autre pour « détention illicite » de médicaments devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, ce 3 octobre. Ces deux hommes ont été interpellés deux jours plus tôt, lors de contrôles menés dans le cadre du groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) Saint-Michel, à Bordeaux.

Le premier, un Bulgare de 59 ans, s’est débarrassé d’un sac en voyant arriver des policiers à VTT dans le cours Victor-Hugo. Il a poursuivi son chemin vers la porte de Bourgogne et a été rattrapé avant de monter dans un tram. Dans le sac qu’il venait de jeter, les policiers ont découvert 126 gélules de méthadone et 54 de Subutex, des traitements de substitution aux opiacés utilisés par les toxicomanes, dont la vente est très encadrée pour lutter contre les trafics et les risques sanitaires. Sur lui, ont également été trouvés 70 comprimés supplémentaires de Subutex et 40 de Seresta, un anxiolytique.

Le second, Algérien de 32 ans, a été contrôlé dans la rue Saint-François. Il cachait un couteau dans son caleçon, des plaquettes de prégabaline sous son pull et, dans sa manche, 12 morceaux de résine de cannabis conditionnés. Comme la méthadone et le Subutex, la prégabaline (un anxiolytique) est un médicament qui ne peut être délivré que sur ordonnance sécurisée. Sorti de prison deux jours plus tôt, le trentenaire n’avait aucune ordonnance et les plaquettes venaient de l’étranger.

« Les dangers des mésusages de médicaments »

Récidivistes, les deux prévenus affirment qu’il s’agissait de leur consommation personnelle. « Pour le Subutex, j’ai une ordonnance », se défend le quinquagénaire, ex-héroïnomane. Mais la méthadone ? « Un inconnu l’a glissé dans mon sac. » De son côté, le propriétaire de la prégabaline plaide des « douleurs au genou ».

« Dans la zone d’interpellation, une proportion plus qu’importante qu’ailleurs de commissions d’infractions est constatée. Que ce soit des violences, des atteintes aux biens ou des infractions à la législation sur les stupéfiants. D’où le GLTD et les opérations de contrôles », rappelle la procureure. La magistrate poursuit sur « les dangers des mésusages » et du trafic de médicaments : « La moitié des traitements de substitution aux opiacés est acquise illégalement », souligne-t-elle.

Les arguments font mouche. Les deux hommes ont été condamnés à de la prison ferme – six mois pour le premier, huit mois pour le second – et incarcérés. L’un a interdiction de paraître à Bordeaux pendant cinq ans, l’autre est interdit du territoire français pour la même durée.