Il y a bien un frémissement mais la marmite montera-t-elle à ébullition ? Rien n’est certain. Les conflits géopolitiques ou commerciaux actuels à l’international, après l’absence de budget en France, maintiennent le marché de l’immobilier français dans l’incertitude. Par conséquent, après avoir baissé depuis janvier 2025 pour atteindre 3,16% au premier trimestre, les taux de crédits immobiliers sont attendus en hausse au deuxième trimestre, selon les projections de l’observatoire CSA/Crédit Logement publiée jeudi.
Ils devraient s’établir entre avril et juin à 3,25 %, hors frais et assurances, même si le taux dépend aussi de la durée de l’emprunt. Tous frais compris, les taux de crédit ont atteint 3,98 % pour une durée de vingt ans et plus au premier trimestre 2025, selon la Banque de France. Les ménages ne doivent pas « hésiter à solliciter un prêt dès maintenant », insiste Florence Burdin, directrice du développement des marchés au Crédit Agricole.
3 % fin 2025… et en 2026
Après avoir marqué leur « volonté de ne pas déserter le marché du crédit », les banques réajustent leurs stratégies, observe Michel Mouillart, professeur d’économie et responsable de l’observatoire. Avec d’autres acteurs du marché, il s’attend cependant à des taux autour de 3% d’ici la fin de l’année et en 2026. D’autant que la Banque centrale européenne a annoncé jeudi une nouvelle baisse de ses taux directeurs (- 0,25 point), et donc de la rémunération des dépôts bancaires, afin de soutenir l’économie de la zone menacée par la guerre commerciale menée par les Etats-Unis.
Les primo-accédants notamment gardent la cote puisque ce sont des clients en devenir, qui peuvent aussi profiter de nouvelles mesures gouvernementales comme le prêt à taux zéro (PTZ) élargi depuis le 1er avril 2025. Dans le même temps, les prix de l’immobilier ne baissent que très peu, le volume de nouveaux crédits est au plus bas depuis 2024 (selon la Banque de France) et les intentions d’achat mesurées par l’Insee restent modestes, dans le neuf comme dans l’ancien.
« La plupart des transactions ont lieu dans les petites et moyennes villes », observe Michel Mouillart. À l’opposé, les villes de Rennes et de Nantes font figure – avec Lyon – de lanternes rouges parmi les 10 plus grandes villes de France, avec des délais de vente qui s’allongent. « Nous sommes à la fois dans une crise de l’offre et de la demande, ce qui est rare », expose Pascal Cotiniaux, chargé de mission immobilier au pôle Banque de détail du Crédit Mutuel Arkéa.
Les secundo-accédants à la rescousse ?
Les secundo-accédants, à savoir un acheteur qui revend sa résidence principale pour en acheter une nouvelle, sont une catégorie dynamique. Ils profitent notamment d’un apport non négligeable tiré de la vente, souligne Empruntis. « Il s’agit le plus souvent de familles de quadragénaires avec enfants qui optent pour des maisons anciennes (390 800 € en moyenne), qu’ils financent grâce au crédit grâce à un taux d’effort raisonnable », liste le courtier. Cette dernière caractéristique induit des revenus confortables estimés à 5 955 € par mois en 2025, puisque la mensualité des emprunteurs, sauf exception, ne peut dépasser 35 % du revenu du ménage.
« Quand je m’examine, je m’inquiète. Quand je me compare, je me rassure », disait l’homme d’État français Talleyrand. Selon les analyses d’Aviv Groupe (SeLoger, MeilleursAgents), si des signes encourageants se signalent ici ou là, le rythme de croissance du marché en Europe est le même qu’en France, il reste bien en deçà des niveaux observés avant la remontée des taux d’intérêt il y a plus d’un an.