Mi-figue, mi-raisin. D’un côté, grâce à sa victoire 33-17 et ses cinq essais inscrits, la bande à Mignoni décrochait hier après-midi son premier succès bonifié de la saison.
Difficile de faire la fine bouche. De l’autre ? Sa même équipe se montrait, par moments, totalement imprécise et presque absente.
Alors, ce matin, faut-il voir le verre à moitié plein, ou à moitié vide ? Le technicien a choisi. Pas question de « tomber dans la sinistrose », lexique si cher à Pierre Mignoni au cœur de la saison précédente. Déjà parce que le bilan comptable est clairement bon.
« On prend cinq points… et j’ai envie de rester positif même si on aurait pu le perdre sur la fin, analysait l’entraîneur en conférence de presse. Il faut qu’on contrôle un peu plus le jeu par moments sur nos annonces, qu’on soit beaucoup plus clairs pour aider nos avants. Dès qu’on a enchaîné et qu’on a été précis sur ce qu’on faisait, on les a mis en difficulté. »
Manque de patience
Et il a raison. Malheureusement, hier après-midi, Toulon l’a bien trop peu fait. « On s’est un peu trop rapidement débarrassé du ballon », pointait Esteban Abadie.
Quand son cadet et compère en troisième ligne, Joé Quere-Karaba, mettait l’accent sur des « lacunes sur les turnovers ».
Et comme souvent, quand le RCT s’est retrouvé en difficulté, en manque de rythme et d’idées, il s’en est remis à son créateur : Baptiste Serin.
D’abord à l’initiative d’une bonne prise d’intervalle au cœur de la défense paloise (11e), finalement stoppée par une interception sur la transmission, le demi de mêlée finissait par trouver la faille.
D’un rasant délicat, il envoyait Rayan Rebbadj vers le deuxième essai de sa carrière avec Toulon (17e, 7-0).
Pourtant, même lancé, Toulon se remettait à caler. Le break d’Esteban Abadie (30e, 14-0), porté (au sens littéral) par le colosse David Ribbans, n’éteignait pas les espoirs de la Section.
Plutôt heureux, les hommes de Mignoni voyaient l’essai d’Axel Despérès – sur une interception du toujours si malicieux, mais hors-jeu, Facundo Isa – annulé à la vidéo (35e, 14-3).
Finalement, Toulon faisait la différence en supériorité numérique (après le carton jaune de Tumua Manu à la 38e).
Deux essais, coup sur coup, venaient lui donner 23 points d’avance (46e, 26-3). D’abord grâce à Antoine Frisch, qui inscrivait au passage son premier sur la rade, puis sur une énième charge de David Ribbans (lire ci-contre).
Sésame verrouillé… au bout du bout
Mais là encore, alors qu’on pensait le RCT filer vers une victoire « facile », il allait se remettre un soupçon de doute.
Pierre Mignoni racontait : « En seconde période, on voulait continuer sur ce qu’on avait tenté de faire mais où on avait manqué un peu de patience, de continuité. On savait qu’on était capables de les mettre sous pression, mais ça s’est un peu retourné contre nous. »
Résultat, malgré un essai de l’increvable Ma’a Nonu (56e), les partenaires de Charles Ollivon, de retour à la compétition, se mettaient à subir.
Le score étriqué (19-14) du second acte, et les deux essais de « Facu » Isa (52e), puis de Tumua Manu (73e) qui récompensaient enfin les intentions paloises, en étaient le symbole. Au point de se retrouver à défendre, en costaud, ce si précieux bonus offensif jusqu’à deux minutes après la sirène.
Toujours est-il que malgré sa fébrilité passagère et son manque de précision, Toulon assurait l’essentiel : un succès à cinq points.
De quoi apporter un peu plus de lisibilité à un début de saison loin d’être évident à décortiquer ? Pas forcément, non. Mais de quoi, au moins, rajouter un peu d’eau dans ce verre qui, finalement, est un peu plus qu’à moitié plein.