Une page se tourne à Saint-Férréol, à Marseille. Après 8 ans, le père Steves s’en va le 7 octobre.
Son église avait été occupée par 80 migrants en 2017, trois mois à peine à son arrivée dans la paroisse.
Depuis, il a mené de nombreuses actions pour aider les personnes dans le besoin.

« Je m’en vais heureux, mais en même temps si triste » dit le père Steves, devant de nombreux fidèles venus lui dire merci. Merci, c’est le mot qui a sans doute le plus résonné pendant sa dernière messe en septembre sous les voutes de l’église Saint Férréol, qui donne sur le Vieux-Port de Marseille. Une petite fille s’avance d’un pas timide vers le prêtre. Elle lui tend une rose jaune d’une couleur qui rappelle l’Ukraine, son pays qu’elle a dû fuir.

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« On ne savait pas où se réfugier, avec ma maman Lilia nous lui avons parlé du fait qu’on dormait dans la gare. Il nous a très bien accueillis, nous a beaucoup aidé pour des logements. Est ce que ça restera quelqu’un de spécial? Je dis oui, très important dans ma vie » confesse l’adolescente. La célébration se termine dans d’immenses applaudissements pour le prêtre.

« Il ne fait aucune différence entre les gens. Il m’a redonné la foi »

Comme Sati, le prêtre a aidé de nombreux migrants et personnes précaires en huit ans. « Il ne fait pas de différence entre le noir, le blanc, les autres » note Soeur Eugénie, qui a organisé un petit pot de départ improvisé dans l’église. « Il prend le temps de l’écouter et il aide les gens. Il a beaucoup de patience »

Saint-Férréol est l'église du Vieux-Port à Marseille Saint-Férréol est l’église du Vieux-Port à Marseille © Radio France – Maryline Ottmann »En bande organisée » chanté pour son anniversaire

Sur le parvis après la messe, Sœur Eugénie est accompagnée d’Alain qui tient la brasserie « Chez Alain » juste à côté de Saint-Férréol. « Je suis arrivé à Marseille il y a un an, et c’est le père Steves qui m’a redonné la foi. Patient, et festif aussi, le père Steves. « Il a fêté son anniversaire au sein de notre établissement. Avec sœur Eugénie, ils sont montés sur scène et ils ont chanté Bande organisée ! » Est ce que ce n’est pas ça qu’on cherche à Marseille? Tout le monde est différent, mais tout le monde se rassemble » dit Alain, dans un sourire.

« Avec les autres, on découvre d’autres chemins »

A quelques mètres, le père Steves salue un à un chaque fidèle venu lui dire au revoir. Il s’envolera direction la Réunion le 7 octobre. Emu ? « Vous avez touché le mot » conçoit l’intéressé. « Bien sûr, je suis ému parce que quelque part, ça dit quelque chose du travail de longue haleine réalisé. Et on n’est pas parfait. Je ne suis pas parfait, mais voilà, avec les autres, on découvre de nouveaux chemins. Avec d’autres, on peut aller plus loin pour changer le monde, apporter justement un peu de bien là où ils sont » conclut le père Steves, avec un regard bienveillant.

Il laisse derrière lui l’association Raphaelgrâce à laquelle des jeunes sont soutenus dans le soutien scolaire en français, dans la recherche des stages ou d’emploi. Et ce qu’il emporte de Marseille à la Réunion ? « La joie de vivre des Marseillais« .

Des fidèles venus remercier le père Steves : Sati, Lilia, soeur Emmanuelle, ou encore Alain Des fidèles venus remercier le père Steves : Sati, Lilia, soeur Emmanuelle, ou encore Alain © Radio France – Maryline Ottmann