Chassé du pouvoir le 5 octobre 2005, Slobodan Milosevic est retrouvé mort en prison le 11 mars 2006. Jugé pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, il ne verra jamais la fin de son procès. Milosevic, la mort pour seul juge titre le 12 mars 2006 La Nouvelle République du Centre Ouest. L’ex-président serbe décédé d’un infarctus du myocarde est tenu responsable de deux guerres successives dans la région : la première à l’été 1991 contre la Croatie, qui déclare son indépendance en octobre ; la deuxième en mars 1992 contre l’État de Bosnie-Herzégovine.
L’ex-fédération de Yougoslavie, marquée par ces conflits terribles, a explosé. Mais vingt-cinq ans après le départ de Slobodan Milosevic, sa partition reste inachevée entre entrées et candidatures pour intégrer l’Otan et l’Union européenne et influence russe.
La partition territoriale de l’ex-Yougoslavie s’est faite sur la base des frontières ethniques et historiques des six républiques et des deux régions autonomes établies après la Seconde Guerre mondiale.
© (Infographie NR)
La Serbie entre Moscou et Bruxelles
La Serbie navigue entre ces deux rives. Le président réélu, Aleksandar Vucic, a condamné l’agression russe de l’Ukraine mais n’a pas aligné son pays sur les mesures prises par l’Union européenne, quand bien même Belgrade fait de son adhésion à l’UE un objectif prioritaire. Aleksandar Vucic a d’ailleurs fait partie des seuls dirigeants européens (avec le Slovaque Robert Fico) à s’entretenir directement avec Vladimir Poutine à Pékin en marge d’un défilé militaire commémorant les 80 ans de la victoire sur le Japon début septembre.
Le Kosovo, un État non reconnu
La Serbie reste en conflit (non armé) avec le Kosovo, État non reconnu par une partie de la communauté internationale (et notamment par Belgrade). Pristina cherche à adhérer aux principales instances internationales dans la perspective de voir son indépendance reconnue.
La Bosnie-Herzégovine en pleine crise
Plus de trente ans après le début du génocide de Srebrenica (le 11 juillet 1995), la Bosnie-Herzégovine est en crise politique et institutionnelle. Une partie de son territoire, la Republika Srpska, tente de faire sécession alors que Sarajevo travaille à une adhésion à l’Union européenne.
La Croatie pleinement intégrée dans l’UE
Plus à l’ouest, la situation est bien plus avancée concernant la Croatie. Le pays a intégré l’Otan, l’Union européenne (2013) et même l’espace Schengen et la zone euro le 1er janvier 2023. Si la Serbie reste un partenaire commercial important et en dépit de gestes politiques d’apaisement et d’une volonté de rapprochement annoncée par le gouvernement serbe depuis la réélection du président Vučić fin 2023, les autorités croates maintiennent des relations circonspectes avec Belgrade, note cependant la diplomatie française. Par ailleurs, Zagreb, qui entretenait un dialogue régulier avec Moscou avant l’invasion de l’Ukraine, exprime depuis février 2022 la plus grande solidarité à l’égard de Kiev et des positions européennes.
Un rôle moteur pour la Slovénie
La Slovénie a été le premier État issu de l’ex-Yougoslavie à adhérer à l’Union européenne en 2004 (elle est entrée dans l’Otan la même année). Elle a rejoint en 2007 la zone euro et l’espace Schengen et a même assuré à deux reprises la présidence du Conseil de l’Union européenne. Forte de cette pleine intégration, elle est actrice et partisane de l’élargissement de l’UE à l’Est. À ce titre, Ljubljana milite pour l’intégration des six États des Balkans occidentaux et joue un rôle de facilitateur.
Le Monténégro dans l’UE en 2028 ?
D’abord partie de l’État de « Serbie-et-Monténégro », le Monténégro a recouvré pleinement son indépendance en 2006 et le pays est entré dans l’Otan en 2017. Le Monténégro est le pays candidat le plus avancé dans les négociations d’adhésion à l’Union européenne qu’il espère rejoindre en 2028.
Le Parlement européen attend cependant que Podgorica avance dans ses réformes électorales et judiciaires ainsi que dans la lutte contre la criminalité organisée et la corruption. L’UE s’inquiète aussi (à l’instar de sa voisine la Moldavie) d’ingérence de la part de la Russie.
La Macédoine du Nord alignée avec Bruxelles
Bien que dépendante du gaz russe via la Bulgarie, la République de Macédoine du Nord s’est alignée sur toutes les déclarations concernant l’agression russe de l’Ukraine et l’ensemble des mesures restrictives à l’encontre de la Russie. Skopje, parvenu à devenir membre de l’Otan (2020) et de la plupart des grandes organisations internationales (Onu, Conseil de l’Europe, OSCE, OIF), a accédé officiellement en juillet 2022 à l’ouverture de négociations d’adhésion à l’Union européenne.