Par

Charlotte Lesprit

Publié le

5 oct. 2025 à 6h36

Au nord de Bordeaux, dans le populaire et dynamique Bacalan, au 7-11, rue Joseph-Brunet, Le Cerisier est plus qu’un théâtre de quartier. Véritable foyer pour les artistes, cet espace imaginé par le metteur en scène Henri Bonnithon pour sa compagnie Apsaras a pourtant failli disparaître du paysage culturel bordelais. « Il y avait un risque non négligeable », affirme Yohan Delmeire, directeur de la création artistique et des territoires à la mairie de Bordeaux. Une fois l’ombre d’un promoteur immobilier écartée, place aux projets et… « Au collectif », clament Jürgen Genuit et Soraya Bénac, respectivement comédien et claquettiste-danseuse, mais aussi à la direction du théâtre dont ils ont repris les rênes en septembre 2025.

L’annonce remonte à un an et demi, retrace Yohan Delmeire, également à la direction générale des affaires culturelles de la Ville, lorsqu’Henri Bonnithon annonce qu’il souhaite prendre sa retraite. Âgé de 65 ans, le comédien, également propriétaire du théâtre, cherche donc un repreneur pour la structure qu’il a achetée avec un crédit.

« Il souhaite le vendre avec l’envie de transmettre Le Cerisier mais il y avait un risque potentiel et non négligeable qu’il soit racheté par un promoteur immobilier. »

Yohan Delmeire
directeur de la création artistique et des territoires

C’est naturellement que la Ville a décidé d’agir : « Il fallait maintenir son existence », insiste Yohan Delmeire. Ancré au cœur d’un quartier prioritaire de Bordeaux, « il est un lieu où sont passées des dizaines de compagnies ». Entre créations et rencontres. Si la « transmission » était au cœur du projet Henri Bonnithon, elle n’était pas entièrement gagnée. Jusqu’à la rencontre entre la danseuse Soraya Bénac, « chorégraphe depuis toujours » et figure dans le monde des claquettes, et Jürgen Genuit : directeur artistique, comédien, metteur en scène et traducteur d’origine allemande.

« Il a fallu trouver un accord, se rencontrer et connaître les attentes de chacun », complète Yohan Delmeire. « Soit plusieurs mois de travail pour réfléchir à un projet avec des axes communs tout en tenant compte du lieu et de son histoire », reconnaissent les deux artistes. Implantés depuis des années à Bordeaux, ils possédaient leurs propres compagnies et structures. À la mairie donc, de les convainque de quitter leurs studios pour s’implanter au Cerisier et contribuer à en réinventer le modèle.

« Assurer un fonctionnement pérenne »

« On s’est engagé à augmenter la subvention que l’on accordait au théâtre pour qu’elle puisse assurer un fonctionnement pérenne », explique le directeur général des affaires culturelles. Un partenariat de trois ans. Autrement dit, aligner cette dernière sur le montant du loyer annuel qui est de 20 000 euros, hors charges. Henri Bonnithon reste donc propriétaire du lieu. 

« Cette aide nous a également permis de dégager des sommes pour financer un poste de gestionnaire », mentionnent les codirecteurs du Cerisier. Jennifer Ladiges-Evan est devenue administratif du collectif. Par ailleurs, les cours dispensés par leurs compagnies respectives apportent des ressources supplémentaires.

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L’équipe du
L’équipe du « Le Cerisier.Collectif » avec Jennifer Ladiges-Evan, Soraya Bénac et Jürgen Genuit. (©Aline Carrère)

« Bacalan est un vivier extraordinaire et un quartier singulier, expose Jürgen Genuit. Nous avons la chance d’avoir la Cité bleue non loin, avec un modèle économique à part, et qui est une bonne passerelle pour nous. » Par ailleurs, Soraya Bénac rappelle être réceptive « au grand métissage » de Bacalan. « Nous sommes sensibles à l’ancrage concret de nos actions auprès des publics, relève-t-elle. Nous souhaitons ainsi créer des ponts et se rapprocher des habitants. »

« Ouvrir le lieu vers l’extérieur » passe ainsi par de nombreux projets entre la création d’un café associatif, des conférences en 2026 ou encore l’installation d’un Groupe d’entraide mutuelle qui est en réflexion. L’objectif d’un GEM : installé au Cerisier une structure réservée aux publics éloignés de la culture, atteints de maladies ou de handicaps.

Si Jürgen Genuit et Soraya Bénac entendent bien « décloisonner » Le Cerisier, ils rappellent que le théâtre reste bien entendu « un lieu de ressources pour les compagnies d’artistes afin qu’elles y organisent des ateliers et y créent des résidences ». « Nous sommes ouverts à d’autres rencontres et collaborations artistiques. Les autres nous inspirent aussi », argumente la danseuse chorégraphe.

Une année de transition

Les artistes reconnaissent que la saison actuelle est « une transition », mais une année qui n’est pas blanche pour autant car ils proposent des cours au public.

Ainsi, tous les soirs du lundi au jeudi, dès 18 heures, il est possible de s’initier aux claquettes (des créneaux sont réservés aux plus jeunes et débutants), avec la compagnie TeMpo TiemPo de Soraya Bénac, ou encore au théâtre d’interprétation ou d’improvisation avec Théâtr’Action, la compagnie de Jürgen Genuit. Une fois par mois, le samedi matin, la danseuse propose également des cours de techniques ou chorégraphiques aux claquettistes plus confirmés.

Tarifs annuels pour les cours de théâtre : 441 euros plein, 387 euros réduits et 360 euros pour les moins de 18 ans (+ 15 euros d’adhésion obligatoire). Tous les stages de claquettes sont disponibles à la réservation en ligne. Pour les cours, comptez 432 euros pour 38 séances (1 h/semaine) et 556 euros pour 76 séances (2 h/semaine) et une adhésion annuelle obligatoire de 24 euros.

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