Véritable institution des quais de Saône depuis 33 ans, le bar restaurant Au P’tit Zinc est menacé de disparaître après un contrôle fiscal. Le patron défend des «verres trop bien servis». Une cagnotte a été ouverte pour aider ce lieu historique à poursuivre son activité.
C’est un petit bout de patrimoine lyonnais qui pourrait disparaître. Installé sur les bords de Saône, le bar restaurant Au P’tit Zinc risque une liquidation judiciaire après un contrôle. En cause des verres non déclarés selon l’administration qui l’ont conduit à réclamer 120.000€, une première en 33 ans. Mais pour Laurent, patron des lieux depuis 1992, aucune malice de sa part, simplement des «verres trop bien servis et des tournées offertes aux clients».
Car le P’tit Zinc est un lieu anachronique. Les murs en bois et des bibelots installés de façon anarchique dans le décor témoignent encore d’une époque où le Quai Pierre-Scize était l’épicentre des festivités lyonnaises. Un «refuge» pour les noctambules où l’on pouvait manger un bout jusqu’à deux heures du matin et trinquer jusqu’à quatre.
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« Ici le patron a toujours été généreux avec tout le monde »
Sandra et Charlotte, deux habituées
En 2025 la recette n’a pas changé mais le monde peut-être un peu, et son fonctionnement à l’ancienne est en décalage avec les cases de l’administration. Laurent, lui, continue de faire la fête au milieu des habitués. Ce vendredi, Sandra et Charlotte sont venues pour un déjeuner mère-fille. Ça faisait cinq ans qu’elle n’y avait plus mis les pieds. «Quand on a entendu qu’ils avaient des soucis, on a décidé de venir manger pour les soutenir parce que l’on a passé de très beaux moments ici. C’est un repère d’épicuriens. En endroit mythique comme le Moulin rouge à Paris. Quand tout se ressemble aujourd’hui, le Petit zinc est un endroit hors du temps», racontent-elles. Quant à Laurent, sa réputation n’est pas usurpée assurent Sandra et Charlotte : «Ici le patron a toujours été généreux avec tout le monde».
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Une cagnotte et beaucoup de témoignages de soutien
À 61 ans, Laurent vit mal son redressement. «On a un peu l’impression d’être un voleur quand on vit ça, alors que je travaille sept jours sur sept que je n’ai pas de patrimoine, pas d’objets de valeur». Il attend désormais la décision du tribunal de commerce de Lyon, qui doit être rendue ce mardi, et espère un redressement judiciaire plutôt qu’une liquidation : «Un redressement sur dix ans serait supportable pour nous».
Une cagnotte a été lancée mi-septembre pour lui venir en aide. Et les dons – plus de 13.500€ ont été récoltés à ce jour – ont afflué aussi rapidement que les témoignages de soutiens et les habitués, en souvenir des moments passés au P’tit zinc. «Beaucoup disent que les meilleures soirées de leur vie ont eu lieu ici», défendent Sandra et Charlotte. Et aux quelques commentaires négatifs reçus sur les réseaux sociaux, ce sont les clients eux-mêmes qui se chargent de leur répondre. Laurent est particulièrement ému quand il doit parler de ces témoignages. «Un baume au cœur», qui l’aide à retourner derrière les fourneaux midi et soir. Avec l’espoir de voir de nouveaux clients passer sa porte pour ajouter un peu d’histoire à celle de ce vieux zinc des quais de Saône.