Autour de son métier de correctrice de presse, l’autrice compose une très belle variation sur la notion de liberté et sur sa relation au langage.
“Tant d’efforts pour t’éloigner des origines n’auront servi qu’à te ramener au point de départ : ne pas savoir de quoi demain sera fait.” Québecoise installée à Paris, Hélène Frédérick est devenue correctrice par hasard, et surtout par nécessité. En espérant que ce job précaire dans un grand journal national lui laisse du temps pour écrire.
Dans un texte tout en rhizomes et extrapolations, elle rend hommage à ce travail de l’ombre menacé de disparition par l’I.A. Elle découvre que celles et ceux qui le pratiquent sont souvent des autodidactes et qu’il a longtemps été un foyer d’extrême gauche au sein des rédactions parisiennes.
Du monde des open spaces à une analyse intime
Dressant le portrait de quelques figures de l’anarchisme qui ont œuvré dans l’ombre des rédacteur·rices, l’autrice analyse les hiérarchies sociales à travers une réflexion sur ces prolétaires de la presse et sur l’espace – physique – qu’on leur réserve à l’intérieur des open spaces.
Mais, peu à peu, le récit prend un tour plus personnel. Partageant des termes techniques qu’elle découvre et savoure, Hélène Frédérick laisse advenir des souvenirs personnels, comme les paysages où elle a grandi, l’atelier où son père réparait des appareils de radio. Et livre une analyse intime et personnelle, en tant qu’écrivaine comme en tant que correctrice, sur sa relation au langage, où le refus de la phrase trop lisse se mêle à une obsession du mot juste.
Lézardes d’Hélène Frédérick (Gallimard/“Verticales”), 176 p., 19 €. En librairie le 9 octobre.