Face à une menace russe croissante, cinq pays de l’OTAN voisin de la Russie ou de son allié, la Biélorussie, prennent des dispositions pour renforcer leur défense aérienne mais aussi terrestre.
Fin juin dernier, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont annoncé qu’ils se retireraient du traité d’Ottawa de 1997, une convention sur l’interdiction des mines antipersonnel. Tandis que quelques semaines plus tôt, la Pologne et la Finlande avaient fait la même demande. Tous ont été occupés par leur grand voisin, à un moment ou un autre de leur histoire, et craignent d’être la cible d’une invasion comme celle subie par l’Ukraine à partir de février 2022.
Effort défensif
En quittant le traité, la Finlande, qui protège la plus longue frontière de l’OTAN avec la Russie, pourrait recommencer à stocker des mines terrestres pour les avoir à portée de main en cas de besoin, indiquait l’agence de presse Reuters en juin. « Le retrait de la Convention d’Ottawa nous donnera la possibilité de nous préparer aux changements dans l’environnement de sécurité d’une manière plus polyvalente », avait déclaré le Premier ministre Petteri Orpo. Leur retrait a été vivement critiquées par des ONG de défense des droits humains dont Human Rights Watch. « Les cinq pays européens ayant choisi de se retirer de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel mettent en danger leurs propres civils, et effacent des années de progrès accomplis pour éradiquer ces armes indiscriminées », a déclaré Mary Wareham, directrice adjointe de la division Crises, conflits et armes de l’ONG.
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Selon le média The Conversation, après avoir quitté le traité d’Ottawa, ces cinq états ont désormais l’intention de créer une étendue de près de 3 000 kilomètres de zones minées dans le cadre d’un effort défensif contre toute éventuelle attaque de la Russie. La décision de créer de tels champs de mines est le résultat à la fois d’une reconnaissance de la menace croissante perçue de la Russie et de l’effet défensif important que les mines terrestres antipersonnel et antichar peuvent générer, souligne le journal en ligne. Les mines terrestres antipersonnel sont conçues pour être cachées dans le sol et exploser automatiquement lorsque quelqu’un marche dessus ou passe à proximité. Ces mines antipersonnel peuvent tuer ou provoquer de graves blessures et restent souvent actives après un conflit, empêchant ainsi le retour des populations.
Outils low tech efficace
Plusieurs puissances n’ont jamais signé la Convention d’Ottawa, parmi lesquelles, la Chine, l’Inde, l’Iran, Israël, la Russie, le Pakistan et les États-Unis, qui n’ont jamais arrêté d’en fabriquer. Et il semble que la guerre en Ukraine, où l’on estime que plus d’un tiers du territoire est miné, a redonné de l’attrait à cet armement honni. Selon les auteurs de l’article de The Conversation, deux chercheurs du Kings College de Londres, « à l’ère actuelle du développement militaire dominée par l’introduction de systèmes d’armes de haute technologie, il semble que la mine terrestre low-tech, peu sophistiquée et relativement bon marché, comparé aux drones, puisse jouer un rôle important dans la guerre moderne ». Et de préciser que : « les champs de mines se sont avérés très efficaces comme outil défensif dans la guerre actuelle en Ukraine en raison de leur capacité à perturber les assauts ennemis ».
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« Les forces mécanisées ne sont plus en tête, a fait valoir en novembre 2024 l’ex-secrétaire à la Défense américain Lloyd Austin, pour justifier la livraison de mines antipersonnel à l’Ukraine par Washington. [Les soldats russes] avancent à pied de manière à s’approcher et faire des choses pour ouvrir la voie ». La Pologne a d’ores et déjà prévu de remonter des lignes de production pour en placer des centaines de milliers prochainement à ses frontières. La Finlande compte bien suivre la même voie, alors même qu’elle en a détruit plus d’un million après avoir rejoint la Convention d’Ottawa, en 2012.