Le drapeau blanc, rouge et vert flotte sous l’ombrière du Vieux-Port, à Marseille. En cette fin de dimanche après-midi 5 octobre, près de 150 personnes entonnent l’hymne de Madagascar. Après un premier rassemblement spontané le week-end précédent, la manifestation a cette fois été déclarée en préfecture.
« Non à la corruption, oui à la liberté d’expression », « On porte la voix de ceux que vous tuez » : ces membres de la diaspora malgache, venus de toute la région, réclament l’arrêt de la répression du mouvement social sur la Grande Île menée par le président Andry Rajoelina. Le député LFI Sébastien Delogu était également présent.
Depuis dix jours, sous l’impulsion des jeunes de la « Génération Z », des manifestations sont régulièrement organisées dans la capitale Antananarivo. Une contestation violemment réprimée par le pouvoir en place, y compris « à balles réelles », faisant au moins 22 morts. « Ce jeudi, en France, les forces de l’ordre étaient là pour permettre aux manifestants de défiler. À Madagascar, c’est le contraire : elles empêchent la population de s’exprimer et ne font rien quand il y a des pillages et des saccages », s’inquiète Dinamalala, venue de Salin-de-Giraud, à Arles.
Pancarte en anglais dans les mains, Éric, qui vit à Marseille, est en lien constant avec sa famille restée à Madagascar : « Les coupures d’électricité durent jusqu’à douze heures par jour. Et pour avoir de l’eau – même pas potable – il faut se lever à trois heures du matin pour aller faire la queue aux pompes publiques. Comment voulez-vous vivre normalement ? »
Rassemblement de la communauté malgache de Marseille sous l’ombrière du Vieux Port en soutien au mouvement social que vit Madagascar depuis septembre 2025. / photo Nicolas VALLAURI
Le renvoi par Andry Rajoelina de l’ensemble de son gouvernement le 29 septembre, pour tenter de calmer la colère populaire, n’a pas eu l’effet escompté. Dinamalala est fataliste : « Peu importe qui sera là après lui, ce sera toujours le chaos. Ce que nous voulons, c’est le droit à l’eau et à l’électricité et la lutte contre la corruption. »