Le musée dédié aux civilisations de l’Europe et de la Méditerranée rendra hommage à l’ancien Garde des Sceaux le 9 octobre en exposant la guillotine qu’il a fait entrer aux collections nationales en 1982.
Comme un symbole. Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), situé à Marseille, présentera le 9 octobre une exposition gratuite autour d’une guillotine conservée en 1982 par Robert Badinter, à l’occasion de l’entrée de l’ancien ministre socialiste au Panthéon. Le trésor du XIXe siècle, affecté à l’établissement phocéen par le ministère de la Justice un an après l’abolition de la peine de mort, mettra en lumière « l’histoire judiciaire, politique et sociale française ».
Robert Badinter l’avait intégré il y a 43 ans aux collections nationales lorsqu’il occupait ses fonctions de Garde des Sceaux au sein du gouvernement de Pierre Mauroy. La guillotine, construite par Alphonse-Léon Berger en remplacement d’un modèle détruit durant la Commune de Paris, a été utilisée jusqu’aux dernières exécutions publiques à la fin des années 1970.
La guillotine d’Alphonse-Léo a intégré les collections nationales en 1982 à la demande de Robert Badinter.
MIGUEL MEDINA / AFP
« Une espèce d’idole sanglante »
« Le choix de Badinter était un geste fort, indique le musée marseillais dans un communiqué. Il souhaitait inscrire dans la mémoire collective la trace matérielle de la peine capitale au moment même où la France s’en libérait. » En 2010, celui qui a aussi été président du Conseil constitutionnel entre 1986 et 1995 déclarait au sujet de cet objet qu’il avait « l’air d’une espèce d’idole, sanglante, qui attendait sa ration de mort ». « Maintenant, c’est une pièce de musée, tout est dit », ironisait-il au micro d’Europe 1.
À lire aussi
Eugénie Bastié : «Panthéoniser Badinter, légaliser l’euthanasie, les paradoxes d’une société déboussolée»
Cette guillotine d’Alphonse-Léon Berger intégrera un hommage plus large à l’ancien Garde des Sceaux et ses combats politiques avec une soirée organisée le 13 octobre en présence d’intellectuels et d’artistes. L’objet sera ajouté à l’exposition permanente Populaire ?. Celle-ci « documente et met en lumière les mobilisations sociales face aux grandes transformations du monde » à travers une sélection d’objets des XXe et XXIe siècles, précise le Mucem.