En plein arraisonnement illégal de la flottille humanitaire en route pour Gaza, les autorités israéliennes déclaraient sur X « Greta et ses amis vont bien ». Le message accompagnait une vidéo où on voyait la jeune femme ramasser ses affaires et partir avec des soldats. Quatre jours plus tard, Greta Thunberg ne va pas bien du tout. Le quotidien brittannique The Guardian a pu consulter des échanges entre la militante climat et les autorités de son pays. Elle y explique subir de mauvais traitements.

« Elle a signalé une déshydratation. Elle n’a pas reçu suffisamment d’eau et de nourriture. Elle a également déclaré avoir développé des éruptions cutanées qu’elle soupçonne d’être causées par des punaises de lit », rapporte la diplomatie suédoise. « Elle a insisté sur le fait que de la nourriture et de l’eau potable doivent être fournies immédiatement et que tous les détenus doivent avoir accès à un avocat israélien s’ils le souhaitent », a-t-elle ajouté.

Vendredi, des représentants de l’ambassade de Suède à Tel Aviv ont été autorisés à rendre visite à neuf Suédois détenus à la prison de Ketziot, dans le désert du Néguev, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un message à l’AFP, sans donner leur identité.

Selon le journal britannique, un autre détenu affirme que des soldats israéliens ont pris des photos sur lesquelles la militante a été forcée de brandir des drapeaux, sans préciser lesquels. Un récit confirmé par deux autres membres de la flottille auprès du quotidien. « Ils ont traîné la petite Greta par les cheveux sous nos yeux, l’ont battue et l’ont forcée à embrasser le drapeau israélien. Ils lui ont fait tout ce qu’on peut imaginer, pour servir d’avertissement aux autres », a déclaré l’activiste turc Ersin Çelik, participant à la flottille Sumud, à l’agence de presse Anadolu. Lorenzo D’Agostino, un journaliste lui aussi à bord de l’un des bateaux de la flottille, a expliqué à son arrivée à Istanbul que Greta Thunberg était « enroulée du drapeau israélien et on l’a fait poser comme un trophée ».

Violences physiques et insultes

La plupart des 437 militants, parlementaires, journalistes et avocats – parmi lesquels notre collègue Émilien Urbach– qui ont pris part à la flottille Global Sumud sont détenus à la prison de Ketziot, aussi appelé Ansar III, une prison de haute sécurité dans le désert de Neguev. Cette dernière est connue pour son traitement dur et inhumain envers les Palestiniens.

Selon les avocats de l’ONG israélienne Adalah, les droits des équipages de la flottille ont « été systématiquement bafoués » : on leur refuse eau, médicaments, soins médicaux et accès à leurs représentants légaux.

Les réserves de nourriture et d’eau étaient largement insuffisantes, certains participants déclarant n’avoir reçu aucune nourriture depuis leur incarcération. Les participants sont détenus dans des cellules surpeuplées, et certains ont été contraints de dormir à même le sol dans des conditions difficiles et insalubres.

Les avocats rapportent aussi des violences physiques et des insultes. Plusieurs participants ont signalé avoir été interrogés par des agents non identifiés, tandis que d’autres ont fait état de mauvais traitements et d’abus de la part des gardiens de prison. Les autorités ont eu recours à la violence physique contre certains détenus, l’un d’eux ayant été blessé aux mains.

D’autres ont eu les yeux bandés et les mains menottées pendant de longues périodes. Une femme a déclaré avoir été contrainte de retirer son hijab et n’avoir reçu qu’une chemise en guise de remplacement. 34 militants sont en grève de la faim. L’un d’eux a déclaré lors de son audience qu’il souhaitait que sa nourriture soit envoyée à Gaza. Un autre a affirmé qu’il poursuivrait sa grève de la faim et de la soif tant que tous les militants nécessitant des médicaments ne les auraient pas reçus.

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