À l’issue de leur garde à vue, entamée le mardi 30 septembre, quatre policiers ont été déférés jeudi dans la soirée devant un juge d’instruction et mis en examen pour « non-assistance à personne en danger », selon des informations de source judiciaire.
Les fonctionnaires ont été laissés libres avec un placement sous contrôle judiciaire. Ces membres des forces de l’ordre avaient été convoqués devant la justice marseillaise dans l’enquête sur le passage à tabac de Maria (le prénom a été changé), une marseillaise de 19 ans victime de graves violences policières sur le Vieux-Port de Marseille, le 8 décembre 2018, en marge d’une manifestation de gilets jaunes à laquelle la vendeuse chez Zara ne participait pas.
« Tu devrais être morte »
Réfugiée rue de la Glace pour éviter les affrontements entre CRS et Gilets jaunes qui faisaient rage, elle avait reçu un tir de flash-ball à la jambe qui l’avait fait chuter au sol, avant d’être entourée par des policiers et violemment frappée à coups de pied et de matraques, selon son récit corroboré par plusieurs témoins et des vidéos. Elle avait notamment reçu un violent coup dans la tête : traumatisme crânien avec enfoncement, écoulement de liquide rachidien, contusions cérébrales. « Tu devrais être morte », lui avait soufflé le neurochirurgien qui l’avait prise en charge à La Timone.
Une information judiciaire pour « violences aggravées et non-assistance à personne en danger » avait été ouverte à l’été 2019. Saisie, l’IGPN avait également lancé une enquête. « Sans l’ombre d’un doute, les individus qui ont violenté (Maria) avaient tous la qualité de fonctionnaires de police et ces violences sont d’autant plus inacceptables qu’elles ont été commises de façon purement gratuite », avait conclu une première fois le juge d’instruction marseillais saisi de ce dossier, en décembre 2020. Jeudi soir, l’avocat de Maria, Me Brice Grazzini, s’est félicité que « presque sept ans après les faits et suite à une bataille judiciaire sans précédent le dossier soit relancé ».