Sébastien Lecornu à Matignon.

LUDOVIC MARIN / AFP

Sébastien Lecornu à Matignon.

POLITIQUE – Sans gouvernement, Sébastien Lecornu semble déjà sur un siège éjectable. Deviendra-t-il, quatre semaines tout juste après avoir été nommé à Matignon, le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République ? Le record est pour le moment détenu par Michel Barnier, resté trois petits mois rue de Varenne.

Mardi 7 octobre, à 15h, l’ancien ministre des Armées prononcera sa très attendue déclaration de politique générale. L’occasion d’y voir plus clair, alors qu’il se montre très avare en annonces et en prises de parole. S’il n’a pas prévu de solliciter un vote de confiance de l’Assemblée, n’ayant aucune chance de l’emporter compte tenu de la configuration de l’hémicycle, Sébastien Lecornu sera tout de même la cible de plusieurs motions de censure.

La première devrait être déposée par La France insoumise. Le groupe présidé par Mathilde Panot a annoncé son souhait depuis plusieurs jours d’en finir le plus vite possible avec le troisième Premier ministre nommé par Emmanuel Macron depuis la dissolution. « Il ne changera ni de politique, ni les membres de son gouvernement minoritaire depuis 2024 et encore moins son ministre de l’Intérieur qui parle de “Français de papier” », a exprimé le député LFI et président de la commission des Finances Éric Coquerel sur franceinfo. Le coordinateur du mouvement Manuel Bompard révèle, lui, avoir « proposé aux députés écologistes, communistes et même socialistes de cosigner » cette motion de censure. « Pour l’instant, nous n’avons pas eu de réponse » du PS, regrette-t-il.

Mais d’autres initiatives pourraient s’ajouter à celle des insoumis. D’abord les socialistes, qui semblent de plus en plus accréditer l’idée qu’ils censureront Sébastien Lecornu. « Nous nous dirigeons tout droit vers la censure », a exprimé le Premier secrétaire du PS Olivier Faure ce 5 octobre dans le Parisien. Lui embrayant le pas, la numéro 2 du PS et maire de Nantes Johanna Roland ne voit pas comment le Premier ministre pourrait échapper à la censure, bien qu’elle lui laisse « jusqu’à mardi pour amener des choses ». Sinon « les socialistes prendront leurs responsabilités », a-t-elle prévenu sur France 3. Comprendre : ils pourront déposer leur propre motion de censure.

Les Verts en médiateur ?

Une rivalité semble donc s’engager entre socialistes et insoumis sur la question de la paternité de la motion de censure. En jeu : la capacité à engranger le maximum de voix (dont celles du RN) pour faire tomber Sébastien Lecornu.

Cherchant à conforter son rôle de trait d’union, à bonne distance entre le PS et LFI, Marine Tondelier a révélé sur BFMTV que les Verts pourraient déposer eux aussi une motion de censure qui contenterait tout le monde. Elle dit avoir « pris contact avec tous les groupes pour être l’auteur d’une motion de censure unitaire, fédérative, parce qu’on ne voit pas trop quoi faire d’autre en réalité ». « Aucune voix ne doit manquer », ajoute-t-elle. La secrétaire nationale des Écologistes assure ne « pas voir d’autre chemin que la censure ».

Rien, dans ce qu’a pour l’instant indiqué le Premier ministre, ne constitue « un début de commencement d’argument pour convaincre ne serait-ce qu’un député écologiste du groupe de voter autre chose que la censure ». La gauche est donc dans les starting-blocks pour réserver une semaine de tous les dangers à Sébastien Lecornu.