Publié le
5 oct. 2025 à 18h06
Il est des rentrées plus douces que d’autres. La rentrée littéraire, par exemple, toujours pleine de promesses merveilleuses. Celle de septembre-octobre peut donner le tournis, avec ses 484 références (dont 459 romans) recensées par le Syndicat national de l’édition (SNE). Dans cette jungle livresque, les propositions toulousaines sont aussi nombreuses qu’enthousiasmantes. Tour d’horizon.
« Tovaangar », de Céline Minard
« Tovaangar » (Rivages) de Céline Minard (autrice habitant à Encausse les Thermes, en Haute-Garonne) est un roman étonnant et passionnant – et sans doute l’un des plus remarquables de la rentrée. Roman démiurgique et fable philosophique et écologique, ce livre nous plonge dès les premières pages dans « le monde d’après », après la civilisation humaine que nous connaissons… Une œuvre ambitieuse – et inoubliable.
« Tovaangar », de Céline Minard, Rivages, 686 p., 23,50 €. Sélection du prix Médicis.
La superbe fresque historique d’Alain Monnier
On avait adoré « D’autres terres que les nôtres » d’Alain Monnier ; on retrouve avec le même bonheur « D’autres espérances » (Privat), qui en est la suite, et la fin. Le premier volet suivait une famille italienne forcée par les tourments politiques et sociaux du début du 20e siècle, de tout quitter pour s’installer dans le Gers. Nous voilà après-guerre Amélia Ricci et sa famille découvrent l’essor économique, le premier tracteur, la première télévision. Ce sont les 30 Glorieuses et tout semble sourire à nos héros… sauf quand le passé revient demander des comptes. Une superbe fresque historique.
« D’autres espérances », d’Alain Monnier, 360 pages, Privat, 22,90€
« Écrire Mazan », d’Elise Costa
Autre univers : Elise Costa est chroniqueuse judiciaire. Dans « Ecrire Mazan » (Marchialy), elle raconte sa couverture du procès qui révéla l’affaire Pélicot. On se souvient de cette épouvantable histoire révélée en novembre 2020 : Dominique Pélicot droguait sa femme Gisèle pour la faire violer par des dizaines d’inconnus. Comment raconter l’inqualifiable ? Comment dire l’indicible ? Elisa Costa achète un gros carnet à croquis et tout au long du procès qui s’ouvre en 2024 à Avignon, elle écrit, dessine, note toutes les pensées qui lui viennent, sur l’affaire et comment la traiter. Passionnant.
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« Ecrire Mazan », de Céline Costa, 300 pages, Marchialy, 22€
L’affaire Nakache décryptée par Yves Pourcher
« Qui a dénoncé Nakache ? » s’interroge Yves Pourcher dans son dernier livre, publié aux éditions Gaussen L’affaire Nakache fascine : qui a « donné » le champion toulousain de natation à la police française, déporté avec sa femme et leur fille ? Le « nageur d’Auschwitz » reviendra, seul, des camps de la mort. Le mystère, depuis, ne cesse de passionner les historiens, parfois enclins à faire d’une hypothèse une certitude. Yves Pourcher, romancier et universitaire, livre ici un texte passionnant et rigoureux, fort de nouvelles archives récemment découvertes. Captivante plongée dans le Toulouse de la Collaboration, ce bassin glauque où nagent en eaux troubles des personnages peu recommandables, des envieux et des lâches, des opportunistes et des paumés tourneboulés dans le vent mauvais de l’Histoire.
« Qui a dénoncé Nakache », d’Yves Pourcher, 240 pages, Gaussen Eds, 22€
Le nouveau livre de Christian Authier
Christian Authier, un auteur dont on aime l’écriture si élégante, nous revient avec « Comme un père » (éditions du Rocher), évocation poignante de la figure paternelle. Alexandre est un critique culturel dans un magazine – comme Authier, donc…Sa vie va être bouleversée quand il reçoit un message voca : son père, qu’il n’a pas revu depuis plus de vingt ans, souhaite le rencontrer…
« Comme un père », de Christian Authier, 264 pages, éditions du Rocher, 20,9€
Laurent Mauvignier, un très grand livre
D’un père l’autre : « La maison vide » (Minuit) de Laurent Mauvignier – Tourangeau devenu Toulousain en 2006 – est assurément l’un des livres les plus en vue de la rentrée. Le narrateur, seul dans sa maison familiale reconstruit de souvenir en souvenir sa lignée paternelle. Souvenirs obscurs et fantômes… Un grand, un très grand livre.
« La Maison du vide », de Laurent Mauvignier, 752 pages. Éditions de Minuit.
Yves Gabay
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