l’essentiel
Après l’évacuation de plusieurs logements suite au passage du tunnelier de la ligne C, l’attente des habitants du quartier Bonnefoy s’éternise, entre relogements temporaires et incertitudes. Les experts mandatés doivent inspecter les maisons du 8 au 10 octobre. Leur verdict pourrait sceller l’avenir de plusieurs logements.
Jeudi, après le passage du tunnelier de la ligne C, de nouvelles cavités « de petite taille très localisées » ont été détectées lors d’une opération de contrôle au niveau de la rue Frédéric Petit, en plein cœur de Toulouse. Immédiatement, des opérations de comblement ont été opérées via des injections dans le sous-sol aux fins de stabilisation.
Depuis l’effondrement du plancher d’une maison de la rue Louis-Massé, le 20 juin dernier, le quartier du Faubourg-Bonnefoy vit au rythme de ces interventions, certains croisant les doigts pour que les fissures de leurs habitations ne dégénèrent pas. « Les premières fissures pour cette maison sont apparues en avril, la propriétaire de 88 ans était dans sa cuisine quand sa salle à manger s’est effondrée, raconte Éric Muller, un autre sinistré du quartier. »
De Airbnb en Airbnb
Lui vivait jusqu’à cette date-là dans un petit collectif de la rue Béteille, adjacente à la rue Massé. Il a laissé derrière lui tous ses habits et objets du quotidien. Depuis, il enchaîne les locations temporaires, passant de Airbnb en Airbnb. « Toutes les trois semaines je change de logement, j’en suis à mon 4e déménagement, début décembre je serai au cinquième, mais cette fois j’ai demandé un logement plus pérenne même si je ne sais pas où j’habiterai dans un mois », raconte celui qui n’a pas pu accéder à son appartement depuis le sinistre, laissant derrière lui ses centaines de CD et vinyles.
Comme la vingtaine de ménages qui a dû évacuer en urgence le 20 juin, il est tenu au courant toutes les trois semaines des avancées par Tisséo. Mais les dernières réunions ne lui ont pas forcément apporté les réponses qu’il attendait. « On devait rentrer fin septembre, puis fin novembre et maintenant c’est fin janvier », relève ce Toulousain. Un temps, la date du 8 octobre avait même été avancée. « Nous sommes condamnés à l’incertitude et ballottés au gré des problèmes techniques. Je ne sais pas comment je vais retrouver mon appartement », s’interroge Eric Muller qui, avant l’évacuation, avait lancé les démarches pour mettre en vente son logement.
Même si, avec du recul, il se demande s’il a vraiment envie de retourner dans sa résidence « sans voisins ni garage ». Sauf que « la vie dans un appartement impersonnel devient épuisante », assure-t-il, désabusé.
Les experts sur le chantier cette semaine
Après cette semaine, il sera certainement un peu plus fixé. Du 8 au 10 octobre, les experts indépendants mandatés par le tribunal administratif seront sur le terrain pour inspecter les bâtis.
« Lors de la première réunion, l’expert a été clair : il faut envisager tous les scénarios possibles, y compris la démolition si une maison est trop dégradée et que la remise en état coûterait plus cher qu’une reconstruction. Nous l’avons indiqué aux propriétaires et locataires, mais à ce stade, l’expert n’était pas en mesure de donner une orientation précise. Il a volontairement exposé le champ des possibles », explique Jean-Jacques Laporte, directeur Grands projets chez Tisséo Ingénierie, en charge du chantier de la ligne C.
Autour du 14 octobre, une nouvelle réunion sera organisée afin de faire un point avec les riverains concernés. Mais pour certains, le retour n’est d’ores et déjà pas envisageable avant plusieurs mois, quelle que soit la décision des experts concernant leur logement.
« Pour les maisons du 4, du 6 et du 8 rue Massé, nous avons déjà mis en place un relogement de longue durée, en concertation avec les riverains. Nous savons que les travaux seront conséquents et prendront probablement autour d’un an, un peu moins ou un peu plus. Les quatre ménages concernés sont donc relogés sur cette base », rappelle Jean-Jacques Laporte.
Quant à ceux des deux petits collectifs de la rue Béteille, ils devront encore attendre un peu. « Fin août, nous espérions un retour courant septembre, mais avec l’expertise en cours et la complexité des travaux, nous n’avons pas pu fixer de date. Plutôt que de donner de fausses échéances, nous avons stabilisé leur situation sur une période plus longue, au moins jusqu’aux vacances de fin d’année. Cela ne veut pas dire qu’ils ne réintégreront pas avant, mais cela évite des déménagements successifs tous les 15 jours ou trois semaines, ce qui était très pénible », reconnaît le responsable du chantier pour Tisséo.
Réouverture à Bonnefoy mi-novembre
Le chantier de la ligne C se poursuit et plusieurs étapes importantes vont avoir lieu d’ici à la fin de l’année. « Avant mi-octobre, le tunnelier Marguerite de Catellan arrivera à Port-Saint-Sauveur et sera un événement important : ce sera le premier à achever son parcours », indique Jean-Jacques Laporte, responsable du chantier 3e ligne chez Tisséo Ingénierie. Ce tunnelier sera ensuite démonté. D’ici la fin d’année, le viaduc côté Labège sera aussi achevé. Pour les Toulousains, une information qui fera plaisir à nombre d’entre eux : mi-novembre, la circulation à double sens sur le faubourg Bonnefoy, avec la fin des travaux liés à l’ouvrage. « Cela ne signifie pas la disparition du chantier, mais la vie du quartier retrouvera un fonctionnement plus normal. Nous avions promis une réouverture pour fin 2025, et nous tenons ce calendrier », indique le responsable de Tisséo.