La pollution de l’air en Île-de-France fait peser sur la région une facture économique d’environ 28 milliards d’euros par an. Pour chaque habitant, cela revient à plus de 2 200 euros. Ce problème ne se limite pas à la santé publique, il touche aussi de nombreux secteurs économiques et sociaux.
Conséquences économiques sur la santé
Airparif, organisme indépendant, a réalisé une étude détaillée sur les répercussions économiques de la pollution dans la région. Selon les résultats, les effets sur la santé représentent 93 % du coût total. Parmi ces coûts, les décès prématurés liés à la pollution pèsent près de 23 milliards d’euros. Ces pertes humaines ont des retombées directes sur le tissu social et économique de l’Île-de-France.
Les conséquences de la morbidité se font sentir de plusieurs façons. On note une augmentation des consultations médicales pour soigner les maladies respiratoires et cardiovasculaires liées à la mauvaise qualité de l’air et aux polluants atmosphériques. Les traitements pour ces affections chroniques viennent alourdir les charges des familles ainsi que du système de santé, tout comme la mauvaise qualité de l’air intérieur. Les hospitalisations, souvent longues, génèrent aussi des frais importants.
Par ailleurs, les besoins en accompagnement social progressent, avec notamment des aménagements à prévoir au domicile des personnes aux problèmes respiratoires sévères. De plus, les absences au travail se multiplient, ce qui affecte la productivité des entreprises et conduit certains travailleurs à partir plus tôt en retraite. La moins bonne santé rend d’ailleurs l’accès à l’emploi plus difficile, compliquant encore la situation.
Effets économiques non liés directement à la santé
Airparif attire également l’attention sur les conséquences économiques qui ne sont pas directement sanitaires mais qui restent largement sous-estimées, notamment en raison des super-émetteurs. Par exemple, le secteur agricole souffre, avec des rendements en baisse dus à une mauvaise croissance des plantes exposées à l’ozone présent dans l’air. Cette situation met en péril l’approvisionnement alimentaire local et accroît la dépendance aux importations.
La dégradation des bâtiments constitue un autre problème. Le dioxyde de soufre et les particules fines détériorent les façades des immeubles modernes ainsi que celles des monuments historiques, véritable patrimoine régional. Les infrastructures urbaines subissent également cette usure, ce qui se traduit par des frais de maintenance et de restauration en hausse.
Enfin, la diminution de la biodiversité entraîne la perte de services environnementaux comme la pollinisation, indispensable à l’agriculture, ou encore la purification naturelle de l’eau et la régulation du climat. Ces services, une fois perdus, laissent des traces durables sur notre environnement et la qualité de vie.
Répercussions sur le marché immobilier
La qualité de l’air a aussi son mot à dire sur le marché immobilier francilien. Dans les zones les plus touchées, la valeur des biens chute nettement, rendant ces secteurs moins attractifs pour les acheteurs et freinant le dynamisme économique local.
Airparif n’hésite pas à le rappeler : « Les retombées économiques non sanitaires ne doivent pas être négligées, elles sont aujourd’hui largement sous-évaluées ». Cette remarque souligne l’importance d’une prise de conscience collective face aux difficultés engendrées par la pollution atmosphérique.