La candidate écologiste d’union de la gauche, Juliette Chesnel-Le Roux, voit trois autres de ses anciens camarades, dont Jean-Marc Governatori, se lancer chacun de leur côté, fragilisant une potentielle alternative au duel Estrosi-Ciotti.
C’est une famille déchirée et qui se tourne le dos. Tous élus ensemble en 2020 derrière Jean-Marc Governatori, les écologistes de Nice (Alpes-Maritimes) font désormais bande à part. Ils n’étaient pourtant que six…
Juliette Chesnel-Le Roux, restée fidèle au parti des Écologistes (ex-EELV), a été désignée le 5 septembre dernier tête de liste de la candidature d’union avec les socialistes et les communistes pour les prochaines municipales à Nice. Elle siège toujours au conseil municipal avec Jean-Christophe Picard et Fabrice Decoupigny, deux autres élus restés officiellement dans la maison verte.
Mais ce trio est désormais bien loin de Jean-Marc Governatori, qui s’était qualifié au second tour (19,30%) aux dernières élections. Un score qui avait donc permis les élections de Juliette Chesnel-Le Roux et de ses compères au conseil municipal de Nice.
Mais le torchon a depuis brûlé et l’indifférence règne désormais de chaque côté. Il n’empêche, Jean-Marc Governatori (66 ans), candidat à quasi toutes les élections, dont la présidentielle en 2012, a indiqué qu’il se présenterait bel et bien aux municipales à Nice, en mars, fidèle à sa ligne d’une écologie au centre. Il avait quitté le groupe en septembre 2022. «Je suis centriste et dans le monde réel», martèle «JMG» au Figaro. «Madame Chesnel s’est dissoute dans la gauche. Quand vous mélangez le vert, le rose et le rouge, ça donne du marron. C’est la raison pour laquelle je ne suis pas avec eux», se justifie-t-il, comparant leur liste à «un canular, car ils se retireront».
«Mon électorat peut décider qui gagnera»
Pour la capitale azuréenne, le Niçois Jean-Marc Governatori veut ainsi défendre «une communauté de 50 villages», une manière selon lui de prôner «le coopératif», notamment pour des jardins et des «potagers urbains», dont il essaye de parler à presque tous les conseils municipaux. Contrairement à ses ex-camarades, il se dit encore pro-JO d’hiver dans les Alpes du Sud, contre la ligne à grande vitesse et contre les voitures électriques.
Sa liste sera aussi animaliste, indique l’élu qui, pour autant, veut faire preuve de lucidité : «Christian Estrosi et Éric Ciotti sont imbattables», lance-t-il. «En revanche, mon électorat peut décider qui gagnera. C’est une force programmatique et je donnerai une consigne de vote». Et celle-ci pourrait quand même être en faveur de Juliette Chesnel-Le Roux.
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Cette dernière, qui veut incarner une candidature d’union, de rupture et donc une troisième voie face au duel fratricide Estrosi-Ciotti, pourrait bien être affaiblie par ces candidatures dissidentes. Outre Jean-Marc Governatori, dont la petite notoriété pourrait bien le faire dépasser les 5%, Hélène Granouillac et Sylvie Bonaldi, deux autres ex-élues EELV, ont annoncé vouloir aussi se lancer, même si le doute est permis sur le fait qu’elle parvienne à former une liste avec 69 noms. Hélène Granouillac, présidente d’une association de protection de l’environnement, reconnaît bien des distensions à fois «personnelles et idéologiques» avec ses anciens camarades et veut créer «une autre dynamique citoyenne sur une ligne sociale écologique», explique celle qui a quitté le groupe écolo durant l’été 2024.
Regret de «perdre des voix»
D’un groupe de six élus en 2020, il pourrait donc y avoir quatre candidatures distinctes en 2026. Sans compter celle de La France insoumise, pour l’instant hors de l’union menée par Juliette Chesnel-Le Roux, qui pourrait décider de former une liste. Nice, terre historiquement de droite, a pourtant vu la gauche (rangée derrière la Nupes) terminer deuxième dans les trois circonscriptions niçoises lors des législatives anticipées de juin 2024, devant les candidats proches du maire Christian Estrosi.
«C’est la démocratie, chacun est libre de se présenter. Mais les électeurs auront envie de donner leurs voix à ceux qui font avancer l’écologie et pas à ceux qui se contentent d’en parler», commente Juliette Chesnel-Le Roux auprès du Figaro. L’élue, déjà en campagne avec ses partenaires du PS et du PC, le reconnaît : «Cela peut nous faire perdre des voix, je le regrette», souffle-t-elle. «L’objectif est de se respecter et que les voix se reportent au second tour. Cela nous donne une réserve !», veut-elle rester optimiste.