Les deux hommes avaient la particularité de partager le même club de cœur (FK Vojvodina, Serbie) et d’avoir travaillé ensemble à la fin des années 90. Devenu président de l’OGC Nice en décembre 1996, Milan Mandaric avait nommé Silvester Takac sur le banc des Aiglons. Ensemble, les deux hommes avaient notamment mené le Gym à la victoire en Coupe de France 1 997. Au bout du fil, Takac se remémore les souvenirs de son ancien président. Avec émotion.

Aviez-vous encore des contacts avec Milan Mandaric ?

Comme il est originaire de ma ville natale (Novi Sad), il était supporter de mon club d’origine (FK Vojvodina), club qu’il a essayé d’aider un peu il y a environ deux ans. Comme j’y avais joué, il m’avait demandé si je pouvais envoyer quelques mots à la direction du club. Il m’a aussi invité pour aller voir le match quand l’équipe a joué la finale de coupe de Serbie mais je ne pouvais pas y aller. C’est à ce moment-là qu’on a eu des contacts. Il avait quitté le club il y a quelques mois et on n’a plus eu de contacts ensuite. C’est quelqu’un que je respectais beaucoup, un grand bonhomme.

Pour quelles raisons ?

En Yougoslavie il a commencé de 0, c’était un ingénieur. Il est parti aux USA et il a développé son entreprise. Cette nuit (dans la nuit de samedi à dimanche), je lisais des commentaires de supporters de Portsmouth (Angleterre) où il avait fait des miracles. Les fans avaient beaucoup de reconnaissance pour ce monsieur. Un grand monsieur, très humain ! Il adorait le football, il aurait aimé y jouer mais ça n’avait pas marché (sourire).

« Au début, j’étais là pour l’aider à traduire avec le maire de Nice »

Quels souvenirs gardez-vous de notre nomination sur le banc niçois par Milan Mandaric ?

Il m’a téléphoné quand j’étais à Sochaux. Je voulais rester en France, j’avais pris un peu de repos et il m’a dit : « Ce serait bien si tu venais à Nice donner quelques conseils et qu’on discute un peu, tu connais le football français. » Mais il ne m’a jamais proposé de devenir entraîneur à ce moment-là. Je suis venu, je suis resté 2-3 jours, j’étais là pour l’aider à traduire avec le maire de la ville à l’époque (quand Mandaric s’intéressait au club mais n’y était pas encore). J’ai assisté à pas mal de discussions, il disait que j’étais son conseiller. Et puis un moment, il me dit « Et si toi tu devenais entraîneur ici ? »

Qu’est-ce que vous gardez à l’esprit ?

C’était un super président, il nous a fait gagner la Coupe de France. Malheureusement on est descendu en deuxième division. Quand je dis super président, ce n’était pas seulement à l’OGC Nice mais dans sa carrière, il a fait beaucoup pour le football, notamment en Amérique. Quand il était en Angleterre, il nous avait invités à Leicester pour un match, il nous a tout payés : le voyage, l’hôtel… Il était respecté et on était resté en bon contact. On avait de bonnes relations. Ce n’était pas seulement un rapport coach-président : on a souvent joué au tennis ensemble, je connaissais sa femme. Vous savez, sa disparition me touche beaucoup…