Par
Clémence Pays
Publié le
6 oct. 2025 à 19h59
Rue de Lorient, une poignée de personnes attendent devant la porte d’entrée d’Ouest Enchères Publiques, à Rennes, ce lundi 6 octobre 2025. Dans 45 minutes, une vente aux enchères inédite va se dérouler au sein de l’hôtel des ventes : des manuscrits de Jean Jaurès vont être proposés aux enchères. Récemment découverts chez un particulier, en Ille-et-Vilaine, ces derniers étaient conservés dans une boîte en bois avec l’inscription « linge fin », de quoi surprendre propriétaire et commissaire-priseur lors de l’expertise.
Pour d’autres, c’est une aubaine. Nathalie, accompagnée de Séverine, est venue de Seine-et-Marne, pour assister à cet événement. « Je suis une grande fan de Jean Jaurès », explique celle qui n’a, jusqu’à ce jour, jamais participé à une vente aux enchères. « Cela fait des années que j’espère trouver des choses. J’espère pouvoir enchérir et que les prix ne vont pas trop grimper en ligne. »
Colette, Céline, Jaurès…
14h. Les enchères débutent. Pierre-Guillaume Klein, commissaire-priseur, commence par rappeler les conditions générales des ventes et indique que des ordres d’achat ont déjà été transmis par des personnes ne pouvant être présentes pour la vente.
Les premiers lots concernent des ouvrages littéraires. Le premier est un ouvrage de Richard de Bury sur Henri IV, le deuxième est une édition originale de Journal à rebours de l’écrivaine Colette. Mais ce sont surtout les livres de Louis-Ferdinand Céline qui affolent davantage les enchérisseurs.
Mea culpa, « adjugé à 300 euros » ; L’École des cadavres, « adjugé 460 euros ». Mort à crédit, « adjugé à 400 euros ».
C’est le légendaire Voyage au bout de la nuit, de l’écrivain controversé, qui va véritablement faire s’envoler les enchères. Un ping-pong – entre les internautes de Drouot, d’Interenchères et les personnes par téléphone – est lancé jusqu’au coup de marteau du commissaire-priseur. Estimé à 2 500 – 5 000 euros, l’ouvrage a trouvé preneur à l’étranger pour 8 200 euros.
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Un fragment de l’Histoire à Rennes
Arrivent les lots concernant Jean Jaurès. Quelques personnes supplémentaires pénètrent dans la salle des ventes. 140 euros. 320 euros. 460 euros… Les premiers manuscrits trouvent acquéreur.
Nathalie est venue de Seine-et-Marne pour assister à la vente aux enchères des manuscrits de Jean Jaurès, à Rennes. (©Clémence Pays/actu Rennes)
Vient le moment attendu des textes plus complets et à la valeur historique importante. L’hommage funèbre à Émile Zola suite aux funérailles de l’écrivain, le 5 octobre 1902, s’est vendu à 2 700 euros. Les documents relatifs à l’affaire Dreyfus et son procès à Rennes font également grimper les enchères. L’article manuscrit intitulé « La vérité » part à 1 500 euros.
Le manuscrit « Fait nouveau » relatif au procès de Dreyfus à Rennes a atteint la coquette somme de 2 900 euros. D’autres manuscrits politiques ont également suscité un certain engouement en se vendant à 2 300 et 2 200 euros.
« C’est émouvant »
Au total environ 700 personnes ont participé à la vente du jour, la grande majorité à distance, permettant à la quasi-totalité des lots d’être acquis. « Nous avons dispersé ces plus de 30 manuscrits, la plupart de Jean Jaurès sur l’histoire de la IIIe République, c’est émouvant », confie Pierre-Guillaume Klein après avoir donné le coup de marteau final à cette journée d’enchères.
C’est un morceau du patrimoine historique français qui aujourd’hui change de main avec des inédits qui ont été redécouverts à l’occasion de cette vente. C’est sympathique de se dire que ce patrimoine nous survivra et maintenant, qu’il est, pour certains, passé dans de bonnes mains. Malheureusement, le secret de mon métier fait que je ne peux pas vous en dire plus sur les acquéreurs, mais je sais que ce sont des passionnés qui en prendront soin, qui les chériront et qui peut-être les exposeront.
Pierre-Guillaume Klein
Commissaire-priseur pour Ouest Enchères Publiques
Pour conclure cette vente, le commissaire-priseur n’a pas manqué d’encourager, avec humour, chacun à « montrer [ses] boîtes en bois au fond du grenier ». Qui sait, peut-être qu’un trésor s’y cache…
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