Le week-end de Yamaha en Indonésie fut globalement plus positif qu’il ne l’était la semaine précédente, sur le circuit de Motegi (Japon). Alors que ce dernier convenait peu aux caractéristiques de la M1, les pilotes ont plus ou moins trouvé leurs marques à Mandalika, un tracé fort en grip, avec des courbes rapides, où les lignes droites ne sont pas longues, ce qui ne nécessite pas une grande vitesse de pointe.
On a alors assisté à quelques belles surprises. Une première lorsque trois machines de l’usine d’Iwata se sont qualifiées pour la Q2 dès le vendredi. La deuxième, lorsqu’Álex Rins, dix tours durant, s’est battu pour le podium avec Pedro Acosta et Alex Marquez. Fabio Quartararo, plus prudent sur la gestion de ses gommes, à finalement terminé meilleure Yamaha, en septième position, à seulement deux secondes du podium.
S’il y a de quoi se montrer enthousiaste quant au week-end des Bleus, le Français tient à rappeler la réalité de la situation chez Yamaha. « En tant que team manager, tu es obligé de parler dans le positif. Moi, je parle plus dans la réalité, commence le Français dans son débriefing d’après-course. Là où on s’est énormément amélioré sur un tour, on est loin en rythme de course. On ne s’est pas amélioré. Sauf que l’année dernière, je ne marquais pas de points parce que je partais 17ème, 18ème. Là, je pars 1er, 3ème, 5ème. Et c’est ça qui fait la grande différence, c’est que l’année dernière, le rythme était assez bien, sauf qu’on partait 18ème. »
Pas assez de changement chez Yamaha
En revenant sur les grandes étapes de cette saison 2025, le Tricolore regrette d’avoir eu peu d’améliorations concluantes sur sa machine. « Le plus grand step qu’on a fait sur 2025, ça a été le test qu’on a fait à Barcelone en 2024. On a essayé un nouveau châssis qui nous a donné un peu une direction. Mais ensuite, cette saison, on n’a pas vraiment fait de très gros steps. On a changé un petit peu d’aéro, on a changé deux fois de moteur, mais on voit bien notre vitesse de pointe qui est encore très basse. Mais le plus grand step qu’on a fait, je pense, c’était à Barcelone, où on a trouvé un petit peu plus de feeling sur l’entrée de virage. » Chose qui ne s’arrangera pas d’ici la fin de l’année. « Non, aucune nouveauté. »
Et si l’on peut se dire que 2026, et le fameux V4 sur lequel Yamaha planche en coulisse depuis des années viendra changer les choses pour un mieux. Un peu plus d’un mois après son premier test de cette unité de puissance, à Barcelone en test privé, puis à Misano, Fabio Quartararo n’est toujours pas emballé à l’idée d’employer ce package à plein temps. « Potentiellement, le projet 2026, ce sera le V4. Mais le potentiel du V4 est encore très loin, pour moi, de la 4 en ligne. On sait que le projet vient juste de commencer, et qu’il y a encore pas mal de travail. Mais pour l’instant, le potentiel de notre moto est plus haut que celui de la V4. »
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Une moto compétitive à Sepang
Bien entendu, le Français joue là son avenir. Le champion du monde 2021 ne veut plus gâcher les plus belles années de sa carrière à courir pour une marque qui ne lui fournit pas une moto capable de se battre pour le titre, voire uniquement des podiums. Et ce, avec toute la reconnaissance qu’il a pour Yamaha, où il a vécu les plus beaux moments de sa carrière. Un ultimatum est donc fixé pour les tests hivernaux de 2026.
« Moi, je veux avoir la moto la plus compétitive possible pour les tests de la Malaisie, annonce Fabio Quartararo. Les tests de Thaïlande, on sait que c’est un petit peu le moment où on aura notre moto définitive. Il n’y a pas le temps de ramener vraiment des choses, des tests à la course. Donc voilà, ce sont eux qui doivent vraiment se débrouiller pour ramener la meilleure moto possible pour les tests. Là, actuellement, le matériel qu’on a, c’est sûr que ça ne nous donne pas du tout la chance de se battre pour même un top-5 en championnat. C’est ça qu’il faut travailler. C’est pour ça que je pousse vraiment les ingénieurs pour avoir une meilleure moto pour l’année prochaine. »
© Yamaha MotoGP
Quid de l’ambiance entre Quartararo et les ingénieurs
Si l’ambiance est toujours bonne chez Yamaha, entre Fabio Quartararo et ses mécaniciens, dont le rôle est de régler la moto actuelle du mieux possible, le Français ne cache pas que quelques tensions naissent entre lui et les ingénieurs chargés du développement. Ses critiques à l’égard du projet agacent.
« Mon équipe à moi, ils font pour le mieux. Mes mécanos, ils travaillent super bien. Mon ingénieur, mon chef mécano, ils font le maximum pour me donner le meilleur feeling possible. Mais ce n’est pas eux qui doivent développer la moto. Ce ne sont pas eux qui doivent sortir un nouveau moteur. Ce ne sont pas eux qui doivent sortir les performances. Donc l’ambiance, elle est bonne. Ensuite, avec certaines personnes, c’est sûr que l’ambiance est un peu plus tendue. Mais moi, je sais avec qui je dois passer le plus de temps dans le box. Et l’ambiance est bonne », conclut Fabio Quartararo.
Le paddock se dirige désormais vers Philip Island, pour y disputer le Grand Prix d’Australie. Il y a quelques jours, le n°20 rappelait les problèmes avec l’électronique rencontrés par Yamaha sur le site ces dernières années. Problèmes qui – si aucune solution n’est trouvée – risquent de révéler une nouvelle fois les faiblesses de la M1. Toutefois, ce dimanche, il assure que si les pneus fonctionnent de la bonne manière, Yamaha peut y être très rapide. De quoi rester optimistes. Réponse donc dans deux semaines.
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