La légende raconte que le premier « Monsieur Bonhomme » est né quand Adam, 6 ans, a demandé à son papa à quoi ressemblait une chatouille. Roger Hargreaves, alors jeune directeur de création dans une agence de publicité, a alors dessiné « Mr. Tickle » (Monsieur Chatouille).
Depuis, les « Monsieur Madame » se sont multipliés, dans de chouettes petits livres carrés, en série animée pour la télévision, en produits dérivés. Des histoires courtes, gorgées d’humour et d’optimisme, au graphisme immédiatement reconnaissable et aux couleurs éclatantes. Distribués dans 28 pays à travers le monde, il s’en est vendu plus de 200 millions d’exemplaires.
À la mort de Roger Hargreaves, son fils Adam a repris les feutres et continué d’inventer de nouveaux personnages. Il sera cette semaine au salon Lire en Poche de Gradignan.
Quand vous étiez enfant, quel regard portiez-vous sur les Monsieur Madame que créait votre père ?
Je me souviens que mon père s’était construit un bureau dans notre garage. Quand j’y entrais, j’étais saisi par l’odeur très forte des gros feutres qu’il utilisait. Je lui demandais toujours du papier à dessin et des stylos. Il me laissait prendre les stylos à moitié utilisés ; les neufs coûtaient trop cher !
Selon vous, quelles sont les raisons du succès des histoires de ces personnages ?
Monsieur Bonhomme et de Madame sont principalement destinées à amuser les enfants, mais leurs aventures contiennent des leçons de vie, simplement en raison de la nature des personnages. Les livres sont une exploration amusante de la nature humaine, dans tous ses aspects.

Monsieur et Madame, invités à « Lire en Poche »
Dessin Adam Hargreaves
A-t-il été difficile pour vous de reprendre l’œuvre de votre père après sa disparition en 1988 ?
Mon père étant mort très jeune, à 53 ans, il ne m’était jamais venu à l’esprit que j’aurais un jour une quelconque implication avec les Monsieur Bonhomme et Madame, et certainement pas sur le plan créatif.
J’ai commencé par aider ma mère à gérer l’entreprise et il m’a fallu du temps avant d’essayer de dessiner les personnages. C’était étrange de m’asseoir au bureau de mon père, mais il y avait quelque chose de réconfortant, après sa mort, à m’immerger dans son monde.
Mon père m’a appris à aimer dessiner, mais mon style de dessin était assez différent du sien. Et aussi graphiquement simplistes que puissent paraître les Monsieur Bonhomme, il m’a fallu beaucoup de temps pour apprendre à les dessiner ! J’ai aussi découvert que j’avais hérité de son sens de l’humour, notamment de son amour des jeux de mots pourris. Mais d’une manière générale, je trouve plus difficile d’écrire les histoires que de les illustrer.
Avez-vous un Monsieur Bonhomme préféré ?
Monsieur Étonnant. Son histoire est merveilleuse, un vrai condensé du sens de l’humour de mon père. Peut-être plus que toute autre, elle résume parfaitement ce que sont les Monsieur Bonhomme et Madame.
Y en a-t-il un que vous vous interdisez d’inventer ?
Il y a évidemment des traits plus « adultes » que je me garderais bien d’explorer. Mais l’éditeur a certainement plus à dire sur ce que je crée que quoi que ce soit d’autre. Il m’a fallu des années pour les persuader de publier Monsieur Mensonge !
Au cours des vingt dernières années, vous avez réalisé des tableaux très classiques, essentiellement des paysages, exposés dans des galeries en Angleterre…
Après avoir vendu les droits en 2004, j’ai eu le temps de poursuivre une ambition de longue date : celle de peindre, une de mes grandes passions. Cependant, depuis le début de la décennies, j’ai été de nouveau très occupé par les Monsieur Bonhomme et Madame, et je n’ai plus guère trouvé le temps de peindre. Je le regrette bien sûr, mais les Monsieur Bonhomme et Madame ont toujours été une priorité : avec eux, je sais qu’il y aura un chèque au bout du compte !
Que présenterez-vous à Gradignan lors de Lire en Poche ?
Dans le cadre du festival, je ferai des séances de dédicaces et j’animerai deux sessions de dessin. Moi qui passe le plus clair de son temps enfermé dans mon studio, c’est toujours un plaisir d’en sortir pour aller à la rencontre des enfants et ressentir l’enthousiasme et la joie que ces personnages leur procurent.
Lectures dessinées (avec Manuela Azevdeo) et ateliers, samedi 11 de 10 h 30 à 11 h 20, et dimanche de 14 heures à 15 heures, à Gradignan. www.lireenpoche.fr