En mars 2024, StreetPress évoquait l’histoire de Baptiste et d’Ethan (1), deux lycéens agressés par le groupe identitaire Le Maquis à Toulon. Agression qui avait valu 21 jours d’ITT au premier, frappé à la mâchoire avec une pierre. Ce 3 octobre, quatre membres de la bande étaient jugés au tribunal de Toulon pour « violences volontaires à caractère raciste ». Sauf que l’audience n’aura pas duré très longtemps.

La présidente du tribunal a retenu la nullité de la procédure, demandée par les avocats de la défense. Motif avancé : le parquet n’aurait pas suffisamment justifié la réactivation de l’enquête, relancée grâce à un recours des plaignants après un premier classement sans suite.

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L’agression remonte en juillet 2024 sur une plage toulonnaise. Alors que Ethan reconnaît le groupe identitaire venant de s’installer, la situation dégénère brusquement. « J’ai tourné la tête quelques instants, puis j’ai vu des coups », avait témoigné Sacha, présent sur la plage, auprès de StreetPress. La scène très violente s’est arrêtée avec l’aide des familles présentes sur place. Baptiste, qui a passé quatre jours à l’hôpital, a écopé d’une cicatrice à vie. Selon la plainte des lycéens, un membre du Maquis serait parti en criant :

« Les Noirs et les Arabes ne sont pas à leur place en France. »

Les membres du Maquis perquisitionnés

En dépit de cette violence, le tribunal a jugé les perquisitions des domiciles disproportionnées un an après les faits. À la barre, le procureur défend une procédure classique. D’autant que l’analyse des lignes téléphoniques a permis de prouver la présence des prévenus sur le lieu des faits. En l’absence d’un nouveau procès, les militants sont présumés innocents.

Le verdict est amer pour les familles de Baptiste et d’Ethan. Surtout qu’il est possible de reconnaître un vice de procédure sans annuler les charges. Dès la sortie d’audience, leur avocat annonce qu’ils feront appel. La décision suscite d’ailleurs suffisamment d’incompréhension dans la salle pour que la présidente lance un avertissement un brin mystérieux :

« Attention, si je lis des choses désagréables dans la presse, je saurai quoi faire. »

Du côté de la défense, on refuse d’évoquer le fond. « La décision peut paraître frustrante, mais c’est ce qui nous défend d’un État autoritaire où la police peut débarquer chez vous », ose Fabien Capella, avocat de Paul, le porte-parole du Maquis. À la barre, l’avocat Mathieu Sassi, habitué à défendre des groupes identitaires, a évoqué rapidement l’affaire pour la qualifier de « querelle de mioches », à coup de pierres donc. Pour rappel, seules les victimes étaient mineures au moment des faits.

(1) Les prénoms ont été modifiés.

Illustration de Une par Caroline Varon.