Camaïeu, Pimkie, Kookaï… La liste des enseignes de prêt-à-porter qui ont quitté le centre-ville de Rennes depuis 2019 ressemble à un inventaire à la Prévert. 79 selon l’Audiar qui a présenté, en juillet, les grandes lignes de l’observatoire du commerce en centre-ville de 2025, dont l’intégralité sera publiée cet automne. Les causes de ce trou d’air sont connues : essor du commerce en ligne, de la seconde main, ou encore hausse du coût des matières premières et des factures d’énergie.

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Malgré ce blues des boutiques de vêtements, les chiffres de vacance des locaux commerciaux sont repassés sous la barre symbolique des 10 % (9,4 %) après avoir culminé à 10,7 % en 2024. C’est moins que la moyenne nationale -10,64 %- et que dans des villes de taille équivalente : 12 % à Lille, 13 % à Grenoble, 10,7 % à Montpellier.

Trop de restaurants ?

Selon l’Audiar, cette baisse de la vacance commerciale s’explique principalement par le développement des secteurs de l’alimentation spécialisée, de l’hygiène, de la beauté, mais surtout des bars et restos. Au risque de la saturation ?

En avril 2024, 572 locaux commerciaux sur 2 156 dans le centre-ville étaient occupés par des cafés-hôtels-restaurants, contre 547 en 2019. « La part de la restauration augmente, constatait, en mai, Didier Le Bougeant, adjoint au commerce. Mais il ne faut pas qu’elle augmente trop. Ce n’est pas bon. Il faut trouver un équilibre. » Une spécialiste de l’immobilier commercial s’interrogeait elle aussi sur le manque de diversité : « Se balader dans des villes où il y a des restaurants partout, ce n’est pas intéressant. »

Retour du luxe

L’Audiar relève toutefois l’arrivée de nouvelles enseignes ces derniers mois : Ysé lingerie, Aura, Lybra, ou encore Comme avant… Parmi les grands come-back, celui de Longchamp, prévu cet automne, marque le retour du luxe en centre-ville après la fermeture de sa boutique historique place Rallier-du-Baty en 2017 et celle d’Hermès en 2020. Cette arrivée confirme une dynamique identifiée dans Le Mensuel en octobre 2023 : l’essor du haut-de-gamme d’un côté, et de la seconde main et du premier prix de l’autre, incarnés par la progression des friperies ou l’installation de Lidl à la Visitation. Entre les deux, la moyenne gamme souffre.

Sauf pour les enseignes spécialisées de périphérie, qui investissent désormais une clientèle de centre-ville non motorisée. Dernier exemple en date, le magasin de bricolage Weldom, installé en 2023 à Colombia. L’arrivée, le 28 novembre, de Décathlon City au palais du Commerce relève de la même logique : déporter des marques de milieu de gamme périurbaines vers l’hyper centre. Cette nouvelle locomotive commerciale du centre-ville s‘ajoute à deux autres poids lourds : les Galeries Lafayette et la Fnac. Histoire de remettre durablement le commerce de centre-ville sur les bons rails.