Le trio avait mis en place un dispositif de fraude qui aurait pu leur rapporter gros si deux des appareils utilisés n’étaient pas tombés en panne. En une seule journée, ils avaient déjà réussi à détourner 8 950 euros. Au total, ce sont 4 distributeurs automatiques de billets (DAB) qui ont été piratés ou ont fait l’objet d’une tentative. Trois à Nice et un à Cannes.

Flagrant délit

L’affaire débute le 12 avril 2024 lorsqu’une banque du boulevard Gambetta, à Nice, repère l’installation suspecte d’un « skimmer » sur un distributeur. Deux hommes, dissimulés sous des casquettes et des masques chirurgicaux, y avaient placé cet appareil capable de copier les données des cartes bancaires insérées. Dans ce cas précis, une caméra miniature avait également été installée pour filmer la saisie des codes secrets, une méthode aussi employée sur certaines pompes à essence ou automates de parking. Alertée, la police met en place une surveillance. Le soir même, les deux fraudeurs sont arrêtés alors qu’ils revenaient récupérer le matériel.

Une escroquerie passée de mode

« C’est une technique de fraude qui tend à disparaître », souligne Me Benjamin Ferrier, avocat de la partie civile. La procureure Maud Marty l’a d’ailleurs qualifiée de « démodée », rappelant que les escroqueries bancaires actuelles passent davantage par des arnaques téléphoniques, des SMS ou des e-mails frauduleux, bien moins risqués pour les auteurs.

En défense, Me Isabelle Pignard et sa consœur Me Ikram Moussa ont soutenu que leurs deux clients, venus en France uniquement pour commettre ces faits, ne disposaient d’aucune compétence en informatique. Les prévenus ont effectivement admis avoir acheté le matériel en Bulgarie, facturé entre 500 et 1 000 euros l’unité, et l’avoir installé sur les distributeurs. Et assurent qu’une tierce personne prenait ensuite le contrôle à distance de l’ordinateur sur lequel ils le branchaient et que cette dernière se chargeait d’en extraire et d’exploiter les données bancaires.

Des peines déjà purgées

Cependant, des éléments compromettants ont été retrouvés dans leurs téléphones : des photos de billets de banque et de tickets de retrait, difficiles à concilier avec leur ligne de défense.

Le troisième prévenu, pour sa part, n’était pas assisté d’un avocat. Installé en France depuis de nombreuses années, il a affirmé n’avoir joué qu’un rôle secondaire : celui d’héberger ses compatriotes. Pourtant, c’est bien lui qui, après l’arrestation des deux autres, a été sollicité par un tiers, selon ses dires, pour récupérer certaines affaires dans le logement déjà perquisitionné par la police.

Les trois hommes ont été condamnés par le tribunal, présidé par Marion Menot, à 18 mois d’emprisonnement ferme assortis d’une interdiction définitive du territoire français. Deux d’entre eux, ayant déjà effectué la totalité de leur peine en détention provisoire ou sous bracelet électronique, devront quitter la France d’ici peu. Le troisième, en revanche, n’ayant passé que peu de temps derrière les barreaux, a été immédiatement interpellé à l’issue de l’audience.