Par
Fabien Massin
Publié le
7 oct. 2025 à 7h58
Les faits ont duré deux jours, mais ont tout de même fait plusieurs victimes, des personnes âgées, dont on a abusé de la confiance et de la fragilité pour les voler. Des faits d’escroquerie commis les 30 septembre et 1ᵉʳ octobre 2025, à Rouen (Seine-Maritime) et dans d’autres communes du département, pour lesquels un homme de 22 ans était jugé en comparution immédiate au tribunal de Rouen, lundi 6 octobre.
Un processus bien en place
Le processus pour escroquer les victimes était peu ou prou le même. Dans un premier temps, des personnes âgées étaient ciblées. Farid* les appelle en se faisant passer pour un conseiller bancaire ou un fonctionnaire. Il explique alors à la victime qu’il y a un problème avec leur carte Vitale, ou que des transactions douteuses ont été constatées sur leur compte bancaire.
Et que pour y remédier, il faut donner les codes d’accès au compte, ainsi que la carte bancaire avec le code. Mais pas de problème, dit-il aux victimes, il se charge d’envoyer un coursier qui viendra chercher la carte. Coursier qui n’est autre que l’escroc lui-même.
Les cartes avec les codes récupérés, il peut procéder à des retraits, dont plusieurs d’un montant de 1 000 euros. Autre stratagème utilisé : il alerte les personnes âgées par téléphone que des cambriolages ont été commis dans leur quartier ces derniers jours, et qu’il serait préférable de placer les bijoux de valeur à la banque, par précaution. Et là encore un coursier doit venir les chercher, la victime n’a pas à se déplacer.
Sauf que ces agissements ont été repérés par le fils d’une victime, Yvonne*, une octogénaire demeurant dans une résidence seniors autonomie de Rouen. En revenant à la résidence en tant que coursier, le prévenu est cueilli par la police et placé en garde à vue, puis en détention provisoire.
Sur lui, on retrouve des espèces en grande quantité, et au domicile de sa compagne, chez qui il vit, les policiers mettent la main sur plusieurs cartes bancaires, des sommes d’argent importantes, et de multiples bijoux en or.
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« Des faits odieux »
Devant le tribunal, Farid explique qu’il avait des amendes à payer, et que son emploi de livreur ne suffisait pas à éponger ses dettes. « Aujourd’hui je me rends compte que n’ai pas fait que voler de l’argent à ces personnes, mais aussi des parties de leur vie, des bijoux de famille », tente-t-il de confesser. La présidente du tribunal lui fait alors remarquer que « c’est bien des personnes âgées qu’il visait, et non des trentenaires ou des quarantenaires ».
Interrogé, le fils d’Yvonne fait part de « son désarroi, sa colère, son horreur de voir que nos aînés peuvent être ciblés de cette manière ».
Dans son réquisitoire, la procureure de la République qualifie les faits « d’extrêmement désagréables et odieux ». « Les agissements sont bien rodés, et à l’audience, on n’a pas vraiment d’explications sur les faits », estime la magistrate. En conséquence, elle requiert une peine de 12 mois de prison ferme, avec maintien en détention.
Du côté de la défense, l’avocate Me Kaltoum Gachi met avant que son client n’avait jamais été condamné par le passé, qu’il avait une situation personnelle stable. « Vous avez devant vous quelqu’un d’amateur en matière de délit », déclare-t-elle.
Au final, le tribunal l’a condamné à une peine de 18 mois d’emprisonnement, dont 6 mois ferme, avec un aménagement ab initio, c’est-à-dire sous bracelet électronique. L’homme est également condamné à indemniser les différentes victimes et il a reçu une obligation de travail ou de formation.
*Les prénoms ont été modifiés
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