Publié le
22 avr. 2025 à 18h00
À Melesse, en Ille-et-Vilaine, la décision de la SAFER d’attribuer une partie des terres de la Ferme du Breil à un projet agricole conventionnel suscite une vive polémique. Entre défense de l’agriculture biologique et appel à la reconnaissance du pluralisme agricole, deux visions du monde rural s’affrontent.
Un collectif composé d’organisations agricoles, environnementales et citoyennes (Agrobio 35, Confédération Paysanne 35, Terre de Liens Bretagne, LPO Bretagne, CIVAM 35 IT, Adage 35) tire la sonnette d’alarme face à ce qu’il considère comme un « risque imminent de disparition de terres agricoles historiquement en bio ».
Défendre un modèle d’agriculture durable
Selon ces organisations, la Ferme du Breil représente un modèle d’agriculture durable. « La ferme du Breil, en agriculture biologique depuis toujours, est un modèle d’agriculture durable, respectueuse de l’environnement et de la santé humaine », rappellent-elles. Elles dénoncent une décision de la SAFER – en contradiction avec la réglementation en vigueur – d’attribuer près de la moitié des terres à un agriculteur en agriculture conventionnelle. Une décision qui, selon elles, serait influencée par la FNSEA, qu’elles accusent également de promouvoir « le retour des pesticides néonicotinoïdes, responsables du massacre des abeilles et des pollinisateurs ».
Objectif 21 % de surfaces bio
Les militants rappellent que le comité technique de la SAFER avait initialement validé un projet porté par un collectif de fermes bio locales, soutenu par la Communauté de communes du Val d’Aubigné et le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine. Le revirement serait, selon eux, dramatique pour les projets bio voisins, menaçant leur viabilité économique à cause de la proximité de cultures traitées chimiquement. Ils mettent aussi en avant les objectifs de l’État : 21 % de surfaces bio d’ici 2030, alors que la France n’en compte actuellement que 10 %.
Les organisations l’affirment : « Il serait inacceptable et irresponsable de laisser ces terres exemplaires à un modèle agricole qui ne contribue pas à la préservation de la santé publique, la qualité de l’eau, la biodiversité locale et les projets économiques vertueux développés par des paysan·ne·s bio du territoire ».
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Ne laissons pas disparaître des terres historiquement en bio
Collectif d’organisations agricoles, environnementales
Enfin, ils alertent sur les conséquences environnementales, notamment en matière de qualité de l’eau : « Seulement 3 % des masses d’eau sont en bon état écologique dans le département », pointent-ils, appelant à ne pas affaiblir les efforts vers des pratiques agroécologiques.
Le message est clair : « Ne laissons pas disparaître des terres historiquement en bio. Mobilisons-nous pour défendre une agriculture respectueuse des femmes et des hommes, du vivant et de la planète ».
La FDSEA 35 répond fermement aux accusations
Face à ces critiques, la FDSEA 35, accompagnée des Jeunes Agriculteurs d’Ille-et-Vilaine (JA 35), dénonce une campagne de désinformation. Elle tient à rappeler que : « Attribuer une partie des terres du Breil à Melesse à un agriculteur conventionnel n’est en rien une décision de la FNSEA. Insinuer le contraire est mensonger ».
Le syndicat défend le processus de décision de la SAFER, assurant que toutes les décisions sont prises de manière collégiale : « La FDSEA 35 et JA 35 rappellent que, comme les autres syndicats, ils disposent d’un nombre égal de représentants au comité SAFER […] Aucune manœuvre unilatérale n’est possible ».
Condamner les attaques contre un jeune agriculteur
À Melesse, six installations étaient prévues initialement. Sur le fond, la FDSEA souligne que la situation découle avant tout des désistements successifs de certains candidats bio, obligeant les cédants à revoir leur projet. Elle condamne également les attaques contre l’agriculteur retenu, affirmant : « Produire en conventionnel n’est pas un crime ».
Le syndicat insiste sur le fait que l’agriculture conventionnelle « fournit une alimentation de qualité, accessible à tous, tout en préservant biodiversité, paysages et emploi local ». Il rappelle par ailleurs que si le bio reste minoritaire (7 % des surfaces en France), la SAFER Bretagne a, en 2023, attribué 24 % des terres à des projets bio et installé 41 % de jeunes agriculteurs en bio.
Produire en conventionnel n’est pas un crime
FDSEA 35
Enfin, la FDSEA se dit lassée des accusations permanentes : « Trop, c’est trop. Il faut cesser de désigner en permanence des boucs émissaires quand la réalité ne correspond pas aux attentes de certains », concluant par un appel à respecter les décisions démocratiques issues des votes.
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