Tous les responsables politiques européens qui ont participé à ce dépistage, dont Agnès Pannier-Runacher, sont contaminés. La moitié d’entre eux présentent des taux qui peuvent faire craindre des conséquences sur la santé.

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Publié le 07/10/2025 12:40

Temps de lecture : 4min

La ministre de la Transition écologique démissionnaire, Agnès Pannier-Runacher, le 29 juin 2025 à Paris. (JULIE SEBADELHA / AFP)

La ministre de la Transition écologique démissionnaire, Agnès Pannier-Runacher, le 29 juin 2025 à Paris. (JULIE SEBADELHA / AFP)

Une pollution généralisée… jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat. Des PFAS ont été retrouvées dans le sang de 24 dirigeants de l’Union européenne (UE) en charge des questions environnementales, issus de 19 pays différents, ont annoncé les ONG European Environmental Bureau et ChemSec dans un communiqué publié mardi 7 octobre. Tous ces responsables politiques avaient participé à une campagne de test en juillet dernier. Le résultat est sans appel : tous ont été contaminés par ces polluants éternels et pour la moitié d’entre eux, les niveaux de contamination dépassent les seuils de risque pour la santé.

Parmi ces 24 dirigeants, 18 ministres et secrétaires d’Etat chargé de l’environnement dans l’UE avaient participé à cette campagne de dépistage, dont la ministre démissionnaire française Agnès Pannier-Runacher. « Les résultats de mon analyse sanguine illustrent un constat scientifique clair : les PFAS touchent toute la population », a-t-elle réagi à l’annonce des résultats. Or, « ces substances n’ont pas leur place dans notre environnement ni dans nos corps », affirme-t-elle.

Derrière ces quatre lettres, les PFAS – ou substances per-et polyfluoroalkylées – sont une famille de produits chimiques synthétiques qui mettent énormément de temps à se décomposer. Ils sont utilisés dans de nombreux objets (textiles, emballages alimentaires, ustensiles de cuisine, cosmétiques…) pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou leur résistance à la chaleur. Mais ils peuvent avoir des effets délétères sur la santé : augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement des fœtus…

L’Union européenne compte mettre sur la table en 2026 une proposition d’interdiction des PFAS dans les produits de consommation courante, assortie d’exceptions pour des secteurs jugés indispensables, dans le domaine médical notamment. Mais la présentation de cette proposition de loi, un temps évoquée pour la fin 2025, a pris du retard en raison des négociations difficiles avec les industriels. Côté français, une loi a déjà été votée en 2024 afin de restreindre la fabrication et la vente de produits contenant ces polluants, mais les ustensiles de cuisine ont été exclus.

Afin de mettre en avant l’étendue de cette pollution, les deux ONG et le ministre danois de l’Environnement Magnus Heunicke ont lancé cette grande campagne de tests chez les responsables politiques de l’UE durant l’été 2025. Entre trois et huit substances PFAS (sur les 13 recherchées) ont été détectées dans le sang de tous les dirigeants testés. Et la moitié d’entre eux présentent des niveaux de PFAS supérieurs à la valeur de référence sanitaire de 6,9 ng/ml.

« Comme prévu, on a retrouvé des PFAS dans mon sang. Il est crucial que l’UE prenne des mesures fortes pour éviter l’exposition continue à ces substances dangereuses. »

Magnus Heunicke, ministre danois de l’Environnement

dans un communiqué

Après l’annonce de ces résultats inquiétants, les deux ONG insistent sur la possibilité d’améliorer la situation en mettant en place des législations strictes. D’ailleurs, les PFAS déjà soumises à réglementation ont été retrouvées en plus faible quantité qu’auparavant chez certains responsables politiques, confirmant la tendance observée dans la population européenne. Un manifeste a été lancé par plus de 100 ONG afin d’appeler les dirigeants européens à soutenir l’interdiction universelle des PFAS. « Ces résultats prouvent deux choses : personne n’échappe à la contamination aux PFAS, et la réglementation fonctionne », a déclaré Anne-Sofie Bäckar, directrice exécutive de ChemSec, avant d’ajouter : « Nous avons désormais besoin que les dirigeants de l’UE terminent le travail. »