1 Un nombre record d’hectares brûlés en Europe

Les zones brûlées dépassent, pour la première fois, un million d’hectares dans les pays de l’Union européenne depuis début 2025, une première depuis le début des statistiques, en 2006, selon les données du Système européen d’information sur les incendies de forêt (EFFIS). Le précédent record était de 989 000 hectares, en 2017. En France, avec 35 700 hectares brûlés, le record de plus de 66 000 hectares, en 2022, n’a pas été battu. La majeure partie de la superficie brûlée en 2025 était constituée de forêts – près de 20 000 ha, selon l’Office national des forêts.

2L’incendie exceptionnel de l’Aude

Ce feu « hors normes » a parcouru 17 000 hectares et en a brûlé plus de 13 000 entre le 5 et le 10 août, et a touché seize communes, a indiqué la Sécurité civile. C’est le pire incendie depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen français, selon la Base de données gouvernementale des incendies de forêt en France (BDIFF) qui répertorie, depuis 1973, la surface totale parcourue par les flammes. Jean-Paul Boslan, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSP), note une « virulence du feu qui ne s’était jamais vue » : « C’est un feu qui est parti très fort, qui a poussé très vite et qui a duré dans le temps ». Ce feu a mobilisé plus de 2 000 sapeurs-pompiers, avec des renforts venus de tout le territoire, y compris de Bretagne.

3Records de chaleur et sécheresse

L’été 2025 a connu une température moyenne de 22,2 °C, soit une anomalie de +1,9 °C. Il se classe derrière les étés 2003 (+2,7 °C) et 2022 (+2,3 °C), selon les données de Météo France. Avec deux épisodes caniculaires, en juin et août, qui ont fait suffoquer les Français et perturbé certaines activités économiques, le pays a connu 27 jours correspondant aux conditions d’une vague de chaleur. L’été 2025 se classe ainsi au deuxième rang pour le nombre de jours de vague de chaleur, après l’été 2022.

Ces phénomènes s’inscrivent dans la tendance du changement climatique, causé essentiellement par l’utilisation massive des énergies fossiles, qui rend les vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses. L’été 2025 a aussi été peu pluvieux (-15 %), en particulier sur la moitié sud où le déficit atteint parfois 50 %. Les sols sont restés plus secs que la normale tout au long de l’été malgré quelques répits temporaires, note Météo France.

Avec ces vagues de chaleur, « malheureusement, ces périodes d’incendie vont sûrement se répéter », souligne Nicolas Delort, président de l’Union départementale des sapeurs-pompiers de l’Aude. Si « l’arc méditerranéen est déjà très touché », d’autres régions « qui n’étaient pas habituées » à ces feux, comme le Jura, la Bretagne ou encore la Charente, « commencent à connaître ce problème-là », précise-t-il.

4Victimes

En France, une femme de 65 ans est décédée dans l’incendie de l’Aude, en août, et 24 autres personnes ont été blessées, selon la préfecture du département. Cinq personnes ont été tuées dans les incendies qui ont brûlé près de 330 000 hectares en Espagne. Quatre autres personnes, dont deux pompiers, sont mortes dans les feux au Portugal, qui ont ravagé près de 250 000 hectares en quelques semaines. Deux personnes sont mortes à Chypre, fin juillet, dans un violent incendie aux abords de Limassol, deuxième ville du pays.

5Matériel vieillissant et incertitudes politiques

La Sécurité civile française dispose de douze avions bombardiers d’eau. Cet été, pendant l’incendie de l’Aude, trois étaient en maintenance, rappelle Jean-Paul Boslan. « Si, demain, on doit faire face à deux gros feux importants dans deux secteurs différents », les moyens actuels, notamment aériens, « ne suffiront pas », alerte-t-il. Ces avions amphibies, qui peuvent se ravitailler en vol sur un plan d’eau, ont une moyenne d’âge de 30 ans et ne sont fabriqués qu’au Canada. La France en a commandé deux, qui doivent être livrés d’ici à 2028. La FNSP et des syndicats de pompiers s’alarment des « changements récurrents de gouvernement qui nous font prendre du retard sur beaucoup de décisions », source d’inquiétude car « la nature ne nous attend pas », insiste Jean-Paul Boslan.

Avec l’intensification des feux de forêt en Europe, les appels à « concrétiser » une flotte européenne de moyens aériens de lutte contre les incendies se multiplient. « Le système d’assistance européenne a fonctionné encore cette année puisqu’on a envoyé des avions et des hélicoptères bombardiers d’eau en Espagne, au Portugal », détaille Nicolas Delort.