Par

Aurélien Delavaud

Publié le

7 oct. 2025 à 18h36

« Maintenant, ma compagne a peur de sortir les chiens toute seule et moi je réfléchis aux chemins que je prends, pour ne pas tomber sur lui. » Quand il est venu s’installer, il y a un peu plus d’un an, à Freneuse (Seine-Maritime), Pierre Loust ne pensait pas connaître une telle situation. Depuis des mois, dans cette petite commune paisible des bords de Seine, à côté d’Elbeuf, un habitant et son chien causent des sueurs froides à plusieurs riverains. « Avec mes chiens, j’ai déjà subi deux attaques. On attend quoi, qu’il morde des enfants ? », s’insurge Pierre Loust.

Provocations et morsures

Le fond du problème, c’est l’obligation pour tous les maîtres de tenir leurs chiens en laisse dans l’espace public. Même s’il est tentant de les laisser gambader et se défouler en liberté dans un cadre agréable et verdoyant, comme c’est le cas autour du stade de Freneuse.

Là, on parle d’un gros chien, je crois que c’est un croisé dogue argentin. Le monsieur ne le maîtrise pas du tout. Pire encore, quand on lui en parle, il minimise et il dit qu’il n’y a rien de grave.

Pierre Loust, habitant de Freneuse

Lui-même possède un samoyède et un chien-loup tchèque. Lors de la première altercation, l’un de ses chiens a terminé chez le vétérinaire après avoir été mordu. Son maître a lui aussi été légèrement touché, en tentant de séparer les chiens. « Ca va, parce que ça a juste ripé sur la main. Mais le plus embêtant, c’est que depuis ce moment, mon chien est devenu craintif. Il a peur de croiser d’autres chiens », poursuit Pierre Loust.

La deuxième fois, son chien a une nouvelle fois été mordu, moins gravement. Sans que cela n’affecte l’autre propriétaire, selon le jeune homme : « Il est provocateur, on dirait presque qu’il cherche ces altercations et, quand ça arrive, il n’intervient pas. » Pour faire fuir l’assaillant, le Freneusien s’est surpris lui-même.

J’ai fait semblant d’aboyer, en allant vers lui. J’ai fait ça sans réfléchir, à l’adrénaline…

Pierre Loust

Toujours est-il que ça a fonctionné. C’est ce jour-là, début septembre 2025, que Pierre Loust a décidé de poster une lettre ouverte sur les réseaux sociaux pour faire connaître sa colère.

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Un dossier transmis au procureur

Selon différents témoignages recueillis dans le village, le cas de cet habitant et de sa compagne n’est pas isolé. D’autres promeneurs et leurs compagnons à quatre pattes ont déjà eu des problèmes avec ce chien et son maître.

« Ca fait longtemps que ça dure, il n’y a pas moyen de le faire fléchir, soupire Pascal Baron, le maire de Freneuse. Jusqu’à maintenant, on a fait tout ce que l’on pouvait à notre niveau : on a essayé de dialoguer, on a repris un arrêté municipal pour obliger les maîtres à tenir leurs chiens en laisse, on a mis un panneau pour le rappeler sur l’île… » 

Par le passé, l’élu a bien tenté d’alerter la police nationale. Sans succès. Alors, il y a quelques mois, il a décidé de monter d’un cran.

On a rassemblé des éléments et des témoignages et on a envoyé un dossier au procureur de la République. Je suis obligé d’appliquer strictement la loi, comme il n’y a pas moyen de négocier.

Pascal Baron, maire de Freneuse

Maintenant, le dossier est entre les mains du procureur, à Rouen. Impossible, pour le moment, de savoir si et quand la procédure va aboutir à quelque chose.

En tout cas, le maire de Freneuse espère un coup de pouce dans ce dossier épineux : « Moi, je ne peux pas faire plus. J’espère que le procureur aura conscience de la difficulté que rencontrent les petites communes face à ce genre d’incivilités ! »

Pas si facile de porter plainte

Depuis l’envoi de ce dossier, le 10 juillet, d’autres altercations comme celles subies par Pierre Loust ont eu lieu. Alors Pascal Baron « encourage les habitants à continuer à aller porter plainte, pour enrichir le dossier ».

Le problème, c’est que ces plaintes ne sont pas toujours possibles. « Quand j’ai voulu aller porter plainte, à Elbeuf, le policier a refusé en disant que ça ne relève pas du pénal, car les animaux sont considérés par la loi comme des choses. Ce n’est pas vrai ! », dénonce Pierre Loust.

En colère contre la police « qui ne fait rien » et ce propriétaire de chien, le Freneusien est obligé de prendre son mal en patience. Et les balades avec ses compagnons, qui pourraient être des moments de détente, dans le cadre tranquille des bords de Seine à Freneuse, restent une source de stress.

« Mettre les chiens dans la voiture pour aller se promener ailleurs ? Ce n’est pas pour ça qu’on a quitté la ville pour un village. A un moment donné, la règle doit s’appliquer à tous et il doit attacher son chien », martèle Pierre Loust.

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