Par
Fabien Massin
Publié le
7 oct. 2025 à 18h10
C’est une affaire de trafic de stupéfiants qui passe par la Belgique, les Pays-Bas et plusieurs départements français, mais qui trouve un épicentre dans la Métropole de Rouen (Seine-Maritime), du côté d’Elbeuf et de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, d’où les protagonistes sont originaires ou sont domiciliés. Dans cette affaire jugée au tribunal rouennais, 11 prévenus — 10 hommes et une femme — sont entendus pendant deux jours, mardi 7 et mercredi 8 octobre 2025.
Deux saisies d’héroïne sur l’A29
Parmi les prévenus, cinq comparaissent libres et six sont en détention provisoire. La découverte du trafic a débuté par deux faits précis au début de l’année 2024, deux saisies de produits stupéfiants à deux jours d’intervalle sur le même axe routier, l’A29 (Lille-Amiens-Rouen), en direction de la Normandie.
Dans les deux cas, dans la nuit du 9 au 10 février et dans la soirée du 12 février, les fonctionnaires des douanes procèdent à un contrôle de véhicule, une Mercedes puis une Renault Twingo, et les deux cas, un peu plus de sept kilos d’héroïne sont trouvés. Le rapprochement entre les deux saisies est rapidement fait, et des connexions sont peu à peu établies entre les conducteurs et passagers de ces deux convois.
Des images de caméras de vidéosurveillance montrent notamment l’un d’entre eux recevoir un sac, sur le parking d’un fast-food à Courtrai en Belgique, et repartir avec en voiture, direction l’agglo de Rouen. Les investigations, qui passent par la perquisition des téléphones portables et l’analyse de leur contenu, le suivi des mouvements des voitures contrôlées, l’audition des premières personnes arrêtées, conduisent les enquêteurs sur la piste d’autres potentiels complices, les 11 prévenus jugés actuellement à Rouen.
Tous sont aujourd’hui accusés de faits similaires ou proches : trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs. Certains ont participé au trafic, mais pas à l’importation de la drogue, et les dates d’implication comme leurs fréquences sont variables.
Au fil de l’enquête, il apparaît en fait que de nombreux convois auraient été organisés entre les Pays-Bas, la Belgique et l’agglo de Rouen, au cours des années 2023 et 2024, pour acheminer la drogue, vendue ensuite dans plusieurs départements français : Finistère, Morbihan, Calvados, Vienne, Charente, Sarthe, Tarn-et-Garonne, Aveyron, etc. Pour effectuer certains trajets, un deuxième véhicule, une « voiture ouvreuse », aurait été utilisé.
« Moins on en sait, mieux c’est »
Devant le tribunal, les prévenus ayant participé aux deux convois stoppés par les douanes ont été interrogés dans la matinée de mardi 7 octobre 2025. S’ils ne peuvent nier avoir été pris en train de convoyer plusieurs kilos d’héroïne, ils sont beaucoup moins clairs sur leur participation à d’autres voyages entre les Pays-Bas, la Belgique et la France, et à l’intérieur du territoire français.
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
L’un d’eux dit ne pas savoir ce qu’il transportait, « peut-être des enveloppes contenant de l’argent ». Un autre explique qu’ils allaient en Belgique « pour aller voir des prostituées » et aux Pays-Bas « pour se procurer du cannabis ».
Un autre, qui ne conduisait mais faisait figure d’accompagnant dans les trajets, témoigne : « Je ne sais pas qui était au-dessus de nous, je ne voyais pas drogue, j’accompagnais le conducteur. Mais vous savez, moins on en sait dans ce genre d’affaire, mieux c’est. J’avais peur pour ma famille. »
Le procès se poursuit mercredi 8 octobre 2025, avec les réquisitions du procureur et les interventions des avocats des accusés.
Suivez l’actualité de Rouen sur notre chaîne WhatsApp et sur notre compte TikTok
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.